Coronavirus : Wuhan, berceau de l'épidémie, sort lentement du confinement

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Coronavirus: wuhan, berceau de l'epidemie, sort lentement du confinement[reuters.com]
(Crédits : Aly Song)

par Brenda Goh

WUHAN, Chine (Reuters) - Wuhan, la ville chinoise où est apparu en décembre un nouveau coronavirus à l'origine d'une épidémie mondiale, a commencé samedi à sortir de deux mois de strict confinement avec la remise en service partielle du métro et l'arrivée de personnes venues de l'extérieur, permettant le retour d'un semblant de normalité et la réunion de familles.

La réouverture de Wuhan, coupée du monde pendant deux mois, constitue une étape importante pour la Chine dans sa lutte contre le coronavirus, qui s'est ensuite répandu dans plus de 200 pays, contaminant plus d'un demi-million de personnes et faisant environ 25.000 morts.

Guo Liangkai fait partie des passagers arrivés samedi matin à bord de l'un des premiers trains à grande vitesse autorisés à se rendre de nouveau à Wuhan. Cet étudiant de 19 ans était parti à Shanghai pour un stage d'un mois, qui en a finalement duré trois.

"Cela me rend très heureux de pouvoir voir ma famille", dit-il à Reuters après avoir été accueilli par sa mère dans la principale gare de la ville.

"On voulait se prendre dans les bras mais c'est une période spéciale donc on ne peut pas se prendre dans les bras ou faire des choses comme ça."

Les autorités chinoises ont pris en janvier des mesures draconiennes pour empêcher les gens d'entrer ou de sortir de cette ville industrielle de 11 millions d'habitants dans le centre de la Chine. Les habitants ont reçu l'ordre de ne pas sortir de chez eux, les bus et les taxis ont été mis à l'arrêt et seuls les commerces essentiels ont été autorisés à rester ouverts.

"Je pense que la reprise du travail représente une sorte d'espoir. Cela montre au moins que la Chine est victorieuse", dit Zhang Yulun, 35 ans, de retour à Wuhan pour son travail.

Les autorités sanitaires chinoises ont annoncé samedi avoir recensé la veille 54 nouveaux cas de contamination au coronavirus en Chine continentale, tous impliquant des personnes venues de l'étranger. Le bilan en Chine s'établit désormais à 81.394 cas et 3.295 morts.

Wuhan représente à elle seule environ 60% de ces cas mais le nombre de nouvelles infections y a nettement chuté ces dernières semaines. Le dernier cas confirmé de transmission locale du virus dans la ville date de lundi.

INSTRUCTIONS AUX VOYAGEURS

La Chine se concentre désormais sur les cas importés par des personnes arrivant de l'étranger. A compter de ce samedi, l'entrée des ressortissants étrangers disposant d'un visa chinois valide ou d'un titre de résidence est suspendue.

Malgré les signes favorables et l'assouplissement du confinement, les autorités de Wuhan restent vigilantes.

Des employés municipaux, certains vêtus de tenues de protection intégrales, et des volontaires étaient déployés en nombre samedi matin dans la gare, distribuant du gel désinfectant pour les mains et installant des panneaux rappelant aux voyageurs la nécessité de présenter un code sanitaire sur leur smartphone pour pouvoir utiliser les transports publics.

Un employé a traversé une rame de métro avec une pancarte sur laquelle on pouvait lire: "Portez un masque pendant toute la durée du trajet, il ne faut pas se rassembler et quand vous sortez, s'il vous plaît, scannez le code sanitaire".

"Tout le monde prend les bonnes précautions. Donc il ne devrait pas y avoir de problème", pense Yuan Hai, 30 ans, à bord d'une ligne de métro tout juste rouverte. "Mais il faut faire attention."

L'existence d'un nombre inconnu de porteurs asymptomatiques du coronavirus en Chine fait craindre que la levée des restrictions ne libère des milliers de personnes susceptibles de propager à nouveau le virus dans le pays sans même le savoir.

La vie à Wuhan est de toute façon loin d'avoir retrouvé un cours normal.

L'immense majorité des commerces restent fermés et des barrages jaunes continuent de bloquer les rues.

Personne n'est autorisé à quitter la ville jusqu'au 8 avril.

Certains à la gare essaient quand même de savoir s'il est possible de partir avant cette date, comme cette femme disant simplement s'appeler Zhang.

Son petit-fils est venu lui rendre visite en janvier pendant la semaine de vacances du Nouvel An chinois et depuis, il est séparé de ses parents vivant à Shenzhen, dans le sud du pays. Alors que les écoles pourraient rouvrir à Shenzhen, elle espère qu'il pourra y retourner bientôt.

"Il était censé repartir au bout de cinq jours mais il est maintenant ici depuis quelques mois", dit-elle.

(Avec Thomas Suen; version française Bertrand Boucey)