Coronavirus : L'Espagne dépasse la Chine, mesures critiquées

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Coronavirus: 812 deces supplementaires en espagne[reuters.com]
(Crédits : Susana Vera)

MADRID (Reuters) - Le gouvernement espagnol a fait état lundi de 85.195 personnes contaminées au coronavirus sur son sol, soit plus qu'en Chine d'où est partie l'épidémie en décembre, et a défendu sa décision de mettre le pays quasiment à l'arrêt sur le plan économique face aux critiques des organisations patronales.

Deuxième pays européen le plus touché par l'épidémie après l'Italie, l'Espagne compte à ce jour 7.340 décès provoqués par le SARS-CoV-2, une augmentation de l'ordre de 12%, un rythme inférieur aux jours précédents, a indiqué le ministère de la Santé dans un communiqué.

Le nombre total de cas confirmés a progressé dans le même temps de 8%, soit une progression en baisse comparé à mercredi dernier (+27%) et à dimanche (+9%), a-t-il ajouté.

Lors d'un point presse, une responsable du ministère de la Santé, Maria Jose Sierra, a précisé que le directeur du centre de coordination des urgences sanitaires au ministère, Fernando Simon, avait été à son tour contaminé.

Elle a à cette occasion également confirmé un ralentissement de la progression quotidienne du virus depuis l'entrée en vigueur des mesures de confinement, progression qui est passée de 20% entre le 15 et le 25 mars à 12% en moyenne depuis le 25 mars.

Comme l'Italie avant elle et la France après elle, l'Espagne a basculé dans le confinement le 14 mars, avec des mesures d'exception visant à freiner la transmission du coronavirus qui ont été prolongées jusqu'au 12 avril au moins.

Ce week-end, le président du gouvernement socialiste, Pedro Sanchez, qui a dévoilé mi-mars un plan de 200 milliards d'euros pour soutenir l'économie, a durci encore le dispositif en ordonnant le confinement à domicile pendant deux semaines de tous les salariés espagnols à l'exception de ceux travaillant dans les secteurs essentiels.

"ASPHYXIE"

Une annonce accueillie froidement par le président de la Confédération espagnole des organisations entrepreneuriales (CEOE), Antonio Garamendi, lequel a dénoncé "une erreur" qui allait "asphyxier l'économie du pays" et mis en garde contre la crise sociale qui pourrait en découler selon lui.

"Si on met le pays à l'arrêt, on aura un énorme problème social dans les cinq prochains mois", a-t-il estimé lors d'une interview à la télévision.

Au Pays basque, poumon industriel du pays, l'association patronale Confebask ne décolère pas non plus contre des nouvelles mesures qu'elle juge irresponsables et irréfléchies, insistant sur le fait que de nouvelles fermetures ne feraient qu'aggraver l'impact économique et social de la crise.

En Catalogne, l'organisation patronale Foment del Treball a quant à elle réclamé de nouvelles mesures à même d'amortir le coût des fermetures.

Face aux critiques, le gouvernement a défendu sa ligne, rappelant son objectif: "Trouver un équilibre entre la lutte contre la propagation du virus et le maintien de la base de notre système économique", a souligné le ministre des Transports José Luis Abalos lundi.

(Inti Landauro, version française Henri-Pierre André et Marine Pennetier, édité par Jean-Stéphane Brosse)