La Commission européenne dévoile son plan contre la pandémie, avec 100 milliards d'euros pour le chômage partiel

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La commission europeenne devoile son plan contre la pandemie, avec 100 milliards d'euros pour le chomage partiel[reuters.com]
(Crédits : Francois Lenoir)

par Gabriela Baczynska

BRUXELLES (Reuters) - La Commission européenne a proposé jeudi d'emprunter 100 milliards d'euros garantis par des Etats européens pour financer un mécanisme de chômage partiel dans le cadre de son plan de lutte contre l'épidémie de coronavirus.

La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a précisé que les gouvernements avec lesquels elle s'était entretenue de ce projet s'étaient montrés "intéressés et positifs".

"Nous pouvons mobiliser 100 milliards d'euros pour faire cela", a-t-elle précisé lors d'une conférence de presse.

"Pour que ces propositions deviennent réalité, je compte sur le Parlement et le Conseil européen (qui réunit les chefs d'État ou chefs de gouvernement des Etats membres) pour qu'ils agissent rapidement", a-t-elle dit, les propositions de la Commission devant être validées par les Vingt-Sept.

Ce mécanisme européen s'inspire de dispositifs existants en Allemagne ou en France, par exemple, et qui prévoient que les finances publiques prennent en charge une partie des salaires afin de dissuader les entreprises de procéder à des licenciements.

Pour le financer, la Commission emprunterait sur les marchés en se servant de sa note de crédit maximale - le triple A qui lui assure des prêts aux taux les plus bas - et prêterait à son tour ces sommes à des conditions avantageuses aux Etats-membres, dont beaucoup ne peuvent se prévaloir d'une notation aussi avantageuse et n'ont donc pas accès aux meilleurs taux.

Lorsqu'un pays membre fera une demande d'aide pour subventionner les salaires, la Commission déterminera les conditions du prêt qu'elle lui octroiera. Sa proposition devra ensuite être approuvée par les gouvernements des Vingt-Sept.

Ursula von der Leyen a ajouté que le prochain budget à long terme 2021-2027 de l'Union européenne devrait "incarner" la réponse des Européens à la crise inédite de santé publique que le monde traverse depuis le début de l'année.

Ce cadre financier pluriannuel, a-t-elle dit, devra prendre la forme d'un nouveau "plan Marshall" de l'UE, en référence au programme d'aide massive mis en place à partir de 1948 par les Etats-Unis pour les Etats ouest-européens.

"RÉPONSE SANS PRÉCÉDENT"

Le plan de Bruxelles propose aussi d'augmenter les avances en espèces aux agriculteurs dans le cadre de la Politique agricole commune de l'UE, de leur donner plus de temps pour déposer leur demande de soutien de l'UE et d'accorder plus de temps pour le traitement des demandes.

La Commission prévoit également de supprimer l'obligation de cofinancement national aujourd'hui nécessaire pour tout pays souhaitant obtenir des fonds de l'Union européenne pour construire des projets d'infrastructure (autoroutes, stations d'épuration, ponts...), des projets qui seront désormais entièrement financés par l'UE.

"C'est une initiative sans précédent qui illustre la nécessité pour les Etats membres d'utiliser tous les moyens disponibles pour se porter au soutien de leurs populations", note la Commission dans un document que Reuters a pu consulter dans la matinée avant son officialisation.

Concernant l'industrie maritime et la pêche, Bruxelles propose une flexibilité exceptionnelle dans l'utilisation du fonds européen pour la mer et la pêche afin d'apporter un soutien aux pêcheurs face à l'arrêt temporaire de leur activité, précise le document.

"La profondeur et l'ampleur de la crise nécessitent une réponse sans précédent en termes d'échelle, de vitesse et de solidarité", souligne la Commission.

(avec Jan Strupczewski, Marine Strauss et Philip Blenkinsop; version française Marine Pennetier et Henri-Pierre André, édité par Blandine Hénault)