Lagarde (BCE) salue un plan franco-allemand "ambitieux", insiste sur la symétrie entre les pays

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Lagarde (bce) salue un plan franco-allemand ambitieux, insiste sur la symetrie entre les pays[reuters.com]
(Crédits : Kai Pfaffenbach)

PARIS (Reuters) - Le plan franco-allemand pour un fonds européen de relance est "ambitieux, ciblé et bienvenu" et va dans le sens d'un rétablissement nécessaire de la "symétrie entre les pays" dans la sortie de la crise provoquée par la pandémie de coronavirus, salue la présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, dans une interview à paraître mardi dans plusieurs quotidiens européens dont Les Echos.

"Les propositions franco-allemandes sont ambitieuses, ciblées et bienvenues. Elles ouvrent la voie à un emprunt à long terme effectué par la Commission européenne, et surtout, elles permettent l'attribution d'aides budgétaires directes conséquentes en faveur des Etats membres les plus touchés par la crise", estime-t-elle dans cette interview également accordée au quotidien italien Corriere della Sera, au quotidien allemand Handelsblatt et au journal espagnol El Mundo.

"Cela témoigne de l'esprit de solidarité et de responsabilité évoqués par la chancelière (Angela Merkel) la semaine dernière. Il ne peut y avoir de renforcement de la solidarité financière sans une plus grande coordination de décisions au niveau européen", poursuit Christine Lagarde.

La France et l'Allemagne ont proposé lundi que le plan de relance européen, actuellement en préparation à Bruxelles, soit doté de 500 milliards d'euros en dépenses budgétaires pour les pays du bloc les plus touchés par l'épidémie de coronavirus qui a quasiment paralysé l'activité économique du continent.

Cette proposition constitue un tournant dans la position de l'Allemagne qui était jusqu'à présent ouvertement opposée à l'idée de l'émission d'une dette commune.

Cette initiative commune doit encore être endossée par la Commission européenne et l'ensemble des Vingt-sept.

"REVOIR ET SIMPLIFIER

LE PACTE DE STABILITÉ ET DE CROISSANCE"

Rappelant que le choc économique provoqué par la pandémie est "considérable" et "inégalé en temps de paix" et que les scénarios de Francfort vont d'une récession de 5 à 12% pour la zone euro cette année, avec une hypothèse centrale à 8%, la présidente de la BCE ajoute que la Banque centrale européenne reverra ses projections le 4 juin

"Mais nous anticipons, dans le scénario le plus sévère, une chute du produit intérieur brut de 15% sur le seul deuxième trimestre", indique-t-elle.

Dans ces conditions, dit-elle, "il est donc important que tous les pays redémarrent dans de bonnes conditions en utilisant tous les outils disponibles".

"Les pays économiquement les plus affaiblis, qui sont parfois les plus touchés par le virus, ne disposent pas de la marge de manoeuvre budgétaire permettant l'effort nécessaire au redressement de leurs économies. La solution est, dès lors, un plan européen de relance budgétaire rapide et solide pour rétablir la symétrie entre les pays dans la sortie de crise. En clair, ce plan doit aider davantage les États qui en ont le plus besoin. Il est dans l'intérêt de chacun des États de fournir cette aide collective."

Christine Lagarde estime par ailleurs que "cette crise est une bonne occasion de moderniser les modalités du Pacte de stabilité et de croissance, aujourd'hui suspendu".

"Pour évaluer la soutenabilité de la dette, il ne faut pas se focaliser sur le niveau de dette sur PIB. Il faut prendre en compte le niveau de croissance, et les taux d'intérêt en vigueur. Ces deux éléments sont déterminants."

"Je crois, ajoute-t-elle, que les termes du Pacte de stabilité et de croissance devront être revus et simplifiés avant que l'on songe à le réinstaurer, lorsque nous serons sortis de cette crise."

(Henri-Pierre André)