Regain de tension sino-US après le feu vert à la loi sécuritaire pour Hong Kong

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Le parlement chinois valide la loi securitaire pour hong kong[reuters.com]
(Crédits : Carlos Garcia Rawlins)

par Jessie Pang et Yew Lun Tian

PEKIN/HONG KONG (Reuters) - Le Parlement chinois a donné jeudi son feu vert pour poursuivre le processus d'adoption d'un projet de loi sur la sécurité nationale à Hong Kong, considéré comme une menace pour l'autonomie et les libertés par des militants pro-démocratie locaux et par de nombreux pays occidentaux.

L'Assemblée populaire nationale a validé par 2.878 voix pour, une contre et six abstentions, la décision de charger son comité permanent de rédiger cette loi destinée à lutter à Hong Kong contre les activités sécessionnistes, subversives et terroristes ainsi que contre les ingérences étrangères.

Cette initiative, que les autorités de Pékin ont présenté la semaine dernière, a donné un nouveau souffle au mouvement de contestation qui avait agité le territoire semi-autonome l'an dernier, avant de marquer le pas ces derniers mois sur fond de crise sanitaire liée au coronavirus.

Parallèlement, à Hong Kong, où les parlementaires locaux débattent d'un projet de loi visant à criminaliser le non-respect de l'hymne chinois, la police anti-émeutes était déployée en force jeudi.

Des dizaines de manifestants se sont rassemblés dans un centre commercial pour scander des slogans mais la situation est restée plus calme que lors des manifestations de la veille contre ces deux projets de loi, marquées par 360 interpellations.

Le projet du gouvernement chinois alimente les inquiétudes sur la volonté de mainmise de Pékin sur l'ancienne colonie britannique et le risque d'érosion du niveau élevé d'autonomie dont elle jouit depuis sa rétrocession à la Chine en 1997 dans le cadre du système "un pays, deux systèmes".

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Les détails de cette loi devraient être rédigés dans les prochaines semaines, pour une entrée en vigueur prévue avant septembre.

Les autorités chinoises, tout comme le gouvernement de Hong Kong soutenu par Pékin, assurent que cette législation ne menace pas l'autonomie du territoire et qu'elle sera très ciblée.

"Cette loi n'affectera pas les droits et les libertés dont jouissent les résidents de Hong Kong", a déclaré Carrie Lam, la cheffe de l'exécutif local, dans un communiqué saluant le vote du Parlement chinois.

Ce projet a pourtant suscité l'inquiétude des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne, de la France et de l'Union européenne qui se préoccupent de l'impact de cette législation sur le respect des libertés dans ce centre financier mondial.

Le secrétaire d'Etat américain, Mike Pompeo, a estimé mercredi que Hong Kong ne pouvait désormais plus prétendre à un statut commercial spécial de la part des Etats-Unis, qui a contribué à faire de l'ancienne colonie britannique un pôle financier mondial.

Le président des Etats-Unis Donald Trump a quant à lui déclaré mardi qu'il se préparait à engager cette semaine une action contre la Chine en raison de ce projet de loi sécuritaire.

Ce dossier vient s'ajouter aux nombreux sujets de tensions opposant Pékin et Washington depuis plusieurs mois, notamment sur les questions commerciales et la gestion de la propagation du coronavirus à l'origine d'une crise sanitaire mondiale.

(Avec Anne Marie Roantree, Donny Kwok, Noah Sin, Clare Jim et Sarah Wu; version française Myriam Rivet, édité par Jean-Michel Bélot)