Sortie de crise pour l'Europe et l'Asie, la contraction de l'activité manufacturière ralentit

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Sortie de crise pour l'europe et l'asie, la contraction de l'activite manufacturiere ralentit[reuters.com]
(Crédits : Pool New)

par Jonathan Cable et Leika Kihara

LONDRES/TOKYO (Reuters) - La contraction de la production industrielle mondiale ralentit au mois de juin, alors que l'activité manufacturière reprend progressivement en Chine et les usines rouvrent en Europe.

Le recul de la demande de consommation mondiale et la crainte d'une seconde vague d'infections appellent néanmoins les États à faire preuve d'un optimisme prudent quant aux perspectives de reprise post-coronavirus.

À ce jour, la pandémie de coronavirus a coûté la vie à plus de 500.000 personnes pour 10 millions de contaminations confirmées à l'échelle mondiale.

La résurgence du COVID-19 dans plusieurs pays du monde continue d'alimenter les craintes d'une récession mondiale prolongée, maintenant ainsi la pression sur les décideurs politiques pour soutenir les économies en difficulté.

"Pas d'entracte, pas de champagne, direction le second semestre 2020. Et les perspectives ? Meilleures que dans la première moitié de l'année, mais pas aussi bonnes qu'elles pourraient l'être", a affirmé Robert Carnell, responsable de la recherche Asie-Pacifique chez ING.

La semaine dernière, le Fonds monétaire international (FMI) a revu ses prévisions à la baisse, soulignant les incertitudes qui entourent toujours la reprise. L'institution financière s'attend désormais à une chute de 4,9% de l'activité économique globale cette année, et a abaissé sa prévision de croissance mondiale à 5,4% pour 2021.

Une série d'enquêtes menées auprès des entreprises a toutefois souligné les nombreux signes d'amélioration de la conjoncture au mois de juin en Europe et en Asie.

La situation du secteur manufacturier dans la zone euro n'a pas été aussi mauvaise qu'attendu en juin, grâce à la levée progressive des mesures de confinement dans la majorité des pays, montrent les résultats complets des enquêtes d'IHS Markit.

La contraction du secteur manufacturier dans l'Union a en effet fortement ralenti. Les indices PMI flash se rapprochent d'une expansion de l'activité définie à 50, grimpant à 47,4 points le mois dernier contre 39,4 en mai.

En Allemagne, l'activité manufacturière se contracte désormais à un rythme plus lent. L'économie du pays devrait retrouver des niveaux similaires à l'an dernier fin 2021, selon les données fournies mercredi par l'institut Ifo.

L'effondrement du secteur manufacturier en Grande-Bretagne continue également de s'atténuer, et les entreprises signalent une légère augmentation de leur production.

Enfin, l'activité des usines françaises a basculé vers une croissance modeste.

REBOND DE L'ÉCONOMIE EN ASIE

En Chine, l'activité du secteur manufacturier a accéléré en juin avec la levée des restrictions imposées par le gouvernement pour lutter contre l'épidémie de coronavirus, selon l'enquête réalisée par Caixin/Markit auprès des directeurs d'achats.

L'indice PMI manufacturier chinois s'établit pour le deuxième mois consécutif au-dessus du seuil de 50 à 51,2 en juin, soit son rythme le plus rapide depuis décembre dernier.

L'enquête révèle cependant que la crise sanitaire continue de peser sur les exportations et l'emploi en Chine, alors que de nombreuses entreprises du secteur font toujours face à des annulations de commandes venant de l'étranger.

"La demande globale de production s'est redressée à un rythme accru, mais la demande outre-mer demeure un obstacle", a précisé Wang Zhe, économiste sénior chez Caixin Insight Group.

Si les signes d'amélioration pour l'activité industrielle en Asie sont rassurants pour certains, les analystes s'attendent néanmoins à ce qu'un rebond de l'économie dans la région s'effectue lentement.

Le Japon et la Corée du Sud continuent d'observer, à un rythme modéré, une baisse de leur production manufacturière.

L'indice PMI du Japon a été ajusté à 40,1 au mois de juin, contre une hausse à 43,4 en Corée du Sud. Ils restent tous deux nettement inférieurs à la barre de 50 points, qui sépare contraction et expansion de l'activité.

L'enquête "tankan" de la Banque du Japon (BoJ) publiée mercredi montre par ailleurs que le sentiment des grandes entreprises du secteur non-manufacturier a plongé au deuxième trimestre pour atteindre son plus bas niveau depuis la crise financière mondiale de 2009.

Ces résultats mettent en évidence les dégâts infligés à l'économie nippone, dépendante des exportations, par la pandémie de coronavirus.

"Si la demande ne rebondit pas assez rapidement, les entreprises devront supprimer des emplois", a déclaré Shinichiro Kobayashi, économiste sénior chez Mitsubishi UFJ Research and Consulting.

(Jonathan Cable et Leika Kihara, avec la contribution de Kaori Kaneko; version française Juliette Portala)