Des alliés de Trump, craignant une défaite en novembre, l'appellent à changer de ton

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Des allies de trump, craignant une defaite en novembre, l'appellent a changer de ton[reuters.com]
(Crédits : Carlos Barria)

par Steve Holland

WASHINGTON (Reuters) - Certains alliés républicains de Donald Trump pressent le président américain d'abandonner son discours polarisant et de présenter une vision claire en vue d'un second mandat à la tête du pays, craignant que sa gestion d'une série de crises nuisent à ses chances de réélection, a appris Reuters.

A quatre mois du duel face au candidat démocrate Joe Biden, les enquêtes d'opinion montrent une popularité en berne de Donald Trump alors que celui-ci peine à gérer l'épidémie de coronavirus, les problèmes économiques et les manifestations contre les discriminations raciales et les violences policières.

Des alliés de Trump, s'exprimant sous couvert d'anonymat, ont dit considérer que le président républicain était souvent son propre pire ennemi. Ils ont cité une vidéo, dans laquelle on peut entendre un partisan crier "pouvoir aux blancs", que Trump a relayée dimanche sur Twitter avant de la supprimer.

"Il doit redevenir un président acceptable et ensuite prendre l'avantage sur Biden", a déclaré un allié républicain proche de la Maison blanche. "Les gens commencent même à se dire: 'Est-ce qu'il veut toujours de cela ? Cherche-t-il une stratégie de sortie ?'", a-t-il ajouté en référence à d'autres soutiens républicains de Trump.

Avec la chute de Trump dans les sondages, certains élus républicains craignent de perdre le contrôle du Sénat, après avoir déjà perdu la majorité à la Chambre des représentants lors des "midterms" de novembre 2018.

La source a ajouté qu'il était possible que le chef de file de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, doive conseiller dès le mois d'août aux républicains visant un siège de sénateur de prendre leurs distances avec Donald Trump. Aucun commentaire n'a été obtenu auprès des services de McConnell.

"PAS DE MESSAGE"

Interrogé sur ces préoccupations, le porte-parole de la Maison blanche a déclaré que le président "a montré à maintes reprises qu'il n'avait pas peur de relever les défis importants auxquels ce pays est confronté". Trump et son équipe mènent actuellement un "processus politique pour un programme courageux de second mandat", a ajouté Judd Deere.

Un autre proche de la Maison blanche a confié que Donald Trump avait admis en privé la semaine dernière qu'il était devancé par Joe Biden dans la course à la présidentielle, après qu'une série de sondages l'ont donné battu dans plusieurs Etats cruciaux et au niveau national. "Il sait qu'il est en danger", a dit cette source républicaine. "Il n'a pas de message".

Dans l'espoir de remonter la pente, Donald Trump envisage des changements dans ses équipes et des moyens d'élargir son message afin de rallier des soutiens au-delà de sa base conservatrice. Selon des conseillers, l'ancien homme d'affaires veut se concentrer sur sa faculté à mener la relance de l'économie américaine, son point fort au regard des sondages.

Toutefois l'opinion à l'intérieur de la Maison blanche est qu'il sera compliqué pour Donald Trump de regagner du terrain tant que Joe Biden ne sera pas davantage scruté, alors que l'ancien vice-président a délaissé le terrain du fait des mesures de confinement prises face au coronavirus.

"D'ici à ce que la presse commence à s'en prendre à Joe Biden pour avoir simplement traîné dans le sous-sol de sa maison, je ne sais pas comment nous allons mettre fin à ce cycle parce que nous sommes les seuls exposés aux coups", a déclaré un représentant républicain au fait de la dynamique à la Maison blanche.

DIVISION

Joe Biden a dit qu'il aurait préféré pouvoir faire campagne sur le terrain mais que dépendre d'événements virtuels lui avait permis de communiquer plus directement avec la population.

Au cours d'un mandat marqué par les controverses, Donald Trump a souvent maîtrisé l'art de changer de sujet - mais moins depuis que les projecteurs sont braqués sur la crise sanitaire qui a causé plus de 127.000 décès et mis des millions d'Américains au chômage.

Il a divisé encore davantage en adoptant une rhétorique agressive sur la double question des discriminations raciales et des brutalités policières au coeur d'un vaste mouvement qui a secoué les Etats-Unis après la mort de George Floyd, en mai, suite à son interpellation par la police de Minneapolis.

Biden a reproché mardi à Trump de monter les Américains les uns contre les autres, au lieu de guider le pays. S'exprimant lors d'événements de campagne, il a déclaré que la population était à ses yeux "lassée" par les appels à la haine de Trump et de la manière dont cela a divisé le pays.

Certains partisans de Donald Trump ont été déçus la semaine dernière lorsqu'il n'a pas répondu directement à une question d'un présentateur de la chaîne Fox News dont il est proche, Sean Hannity, sur ses projets pour son second mandat.

Trump a exposé des grandes lignes, dont la reconstruction de l'économie américaine et une politique de pression à l'égard de la Chine, mais n'a pas encore expliqué dans le détail ce qu'il ferait pendant un nouveau mandat de quatre ans.

"Il faut qu'il exprime clairement pourquoi il veut un second mandat", a déclaré le représentant républicain informé de la dynamique interne à la Maison blanche.

(version française Jean Terzian, édité par Blandine Hénault)