Le professeur décapité tué par un réfugié d'origine tchétchène

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Hommage national au professeur decapite, la laicite en valeur a la rentree[reuters.com]
(Crédits : Charles Platiau)

PARIS (Reuters) - Le meurtrier présumé du professeur d'histoire-géographie décapité vendredi aux abords d'un collège de Conflans-Sainte-Honorine, dans les Yvelines, était un réfugié russe de 18 ans, d'origine tchétchène, dont le compte Twitter a été utilisé pour revendiquer cette attaque destinée à venger le prophète Mahomet, a déclaré samedi le procureur antiterroriste Jean-François Ricard.

L'enquête se poursuit pour déterminer les éventuelles complicités dont a pu bénéficier cet homme, qui habitait à Evreux, dans l'Eure, a dit Jean-François Ricard, qui a insisté sur le "très haut niveau de la menace terroriste islamiste" en France actuellement.

Le meurtrier a été lui-même abattu peu de temps après son attaque par des policiers qui l'ont vu courir dans leur direction armé.

Neuf gardes à vue sont en cours, parmi lesquelles deux concernent un parent d'élève et un autre homme s'étant plaints "avec virulence", dans des vidéos et auprès du collège, de la présentation par le professeur de deux caricatures de Mahomet lors d'un cours sur la liberté d'expression quelques jours plus tôt, dans le cadre d'un débat sur leur publication par Charlie Hebdo, a précisé le procureur.

La demi-soeur de ce parent d'élève a rejoint l'organisation Etat islamique en 2014 en Syrie et elle est recherchée par la justice antiterroriste tandis que le deuxième homme est connu des services de renseignement, contrairement à l'auteur des faits, a souligné Jean-François Ricard.

Selon plusieurs médias, une dixième personne a été placée en garde à vue samedi.

Qualifié par Emmanuel Macron d'"attentat terroriste islamiste caractérisé", ce meurtre, qui réveille le souvenir de l'attentat contre Charlie Hebdo en 2015 dont le procès se déroule en ce moment à Paris, a suscité une vive émotion à travers le pays, en particulier à Conflans-Sainte-Honorine.

HOMMAGE NATIONAL MERCREDI

Des élèves accompagnés de leurs parents et des habitants sont venus samedi déposer des fleurs devant l'entrée du collège du Bois de l'Aulne, où enseignait ce professeur, Samuel Paty, et un rassemblement devant l'établissement a réuni plusieurs centaines de personnes.

Un hommage national sera rendu mercredi au professeur décapité, a fait savoir l'Elysée et un rassemblement en son hommage se tiendra dimanche à 15 heures (13h00 GMT) place de la République, à Paris, à l'appel notamment de SOS Racisme, de la Ligue des droits de l'Homme, de l'hebdomadaire Charlie Hebdo ou encore de plusieurs syndicats enseignants.

En outre, un travail sera fait à partir de la rentrée des vacances de la Toussaint auprès des élèves de l'ensemble du pays pour leur rappeler "la chance d'être un enfant de France", a annoncé samedi Jean-Michel Blanquer.

Le ministre de l'Education nationale a en outre jugé que Samuel Paty était "tout à fait en droit" de montrer en classe des caricatures de Mahomet.

"Ce qui s'est passé a des racines. Ces racines, c'est la haine et c'est la haine de la République. Il y a clairement des ennemis de la République, contre la République et donc contre l'école parce que l'école c'est la colonne vertébrale de la République", a dit le ministre de l'Education.

Face à ce constat, il a annoncé que, outre l'hommage national au professeur tué, "il y aura un cadrage national strict, puissant, fort pour le travail éducatif et pédagogique que nous devrons faire avec tous nos élèves" à partir de la rentrée, lors de laquelle une minute de silence devrait être observée en hommage à la victime.

Il s'agira de faire en sorte "que chaque enfant comprenne qu'il a de la chance d'être un enfant de France, la chance d'être à l'école de la République, la chance aussi de pouvoir vivre en démocratie et en République".

S'adressant aux parents, Jean-Michel Blanquer a lancé un appel à "l'unité du monde adulte" pour la défense des valeurs de la République, notamment la "laïcité qui est synonyme de liberté, parce que c'est la laïcité qui est le socle de nos valeurs et qui nous permet de faire valoir l'ensemble des autres principes de liberté, d'égalité et de fraternité".

"Aujourd'hui c'est cela qui est attaqué", a-t-il affirmé, en refusant tout "relativisme" et toute "peur".

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(Rédaction de Paris, édité par Bertrand Boucey)