Tensions au Pérou où la destitution du président Vizcarra ne passe pas

reuters.com  |   |  418  mots
Perou: les manifestations se poursuivent apres la destitution de vizcarra[reuters.com]
(Crédits : Sebastian Castaneda)

LIMA (Reuters) - Les appels au calme du président par intérim au Pérou n'ont pas calmé les ardeurs des manifestants qui sont redescendus dans les rues jeudi soir pour réclamer le rétablissement dans ses fonctions de Martin Vizcarra.

Au pouvoir depuis 2018, le président péruvien a été démis de ses fonctions lundi par le Congrès, qui a retenu à son encontre des accusations de corruption.

Centriste sans affiliation partisane, populaire en raison de la campagne qu'il avait lancée contre la corruption, Martin Vizcarra a démenti ces accusations et une partie de la population a rejeté sa destitution.

Jeudi dans la journée, le président par intérim, Manuel Merino, qui présidait jusque là le Congrès, avait appelé la population au calme et à la responsabilité afin, ajoutait-il, que "l'expression politique puisse prendre place dans le calme et la non-violence".

Son discours n'a pas eu l'effet attendu. Des affrontements ont éclaté dans la nuit de jeudi à vendredi à Lima, la capitale, entre manifestants et forces de l'ordre.

La police est intervenue à l'aide de gaz lacrymogène et de balles en caoutchouc face aux protestataires, dont certains ont jeté des pierres sur les forces de l'ordre et brisé des vitrines de magasins et des distributeurs d'argent liquide.

Au moins 27 personnes ont été blessées parmi lesquelles 11 policiers, a déclaré la police. La plupart des civils ont été blessés par des tirs de balles en caoutchouc, a-t-elle dit. Le coordonnateur national aux droits de l'homme a fait état de 11 personnes blessées, dont plusieurs journalistes.

Les manifestations sont parmi les plus importantes que le Pérou ait connues depuis une vingtaine d'années.

"Tout le pays est mobilisé, nous sommes très en colère", a témoigné Jose Vega, un manifestant croisé à Lima. "Ils nous maltraitent", a-t-il poursuivi.

"Nous en avons assez de la corruption, c'est pour cela que je suis là, à crier avec ma casserole", a déclaré Rosario Mendoza, une enseignante qui manifestait elle aussi dans la capitale. "Ni le Congrès, ni le président qu'ils ont choisi ne me représentent", a-t-elle ajouté.

Le Pérou affronte cette crise politique alors même qu'il tente de se relever de la récession économique provoquée par la crise du coronavirus.

L'Organisation des Etats américains (OEA) a appelé à une intervention de la Cour constitutionnelle du Pérou pour apporter des "clarifications".

(Marco Aquino; version française Camille Raynaud, Henri-Pierre André et Jean-Stéphane Brosse)