Les USA discutent d'un accord avec Meng Wanzhou (Huawei)

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(Crédits : Jennifer Gauthier)

par Karen Freifeld

NEW YORK/WASHINGTON (Reuters) - Le département américain de la Justice discute avec Meng Wanzhou d'un accord qui permettrait à la directrice financière de l'équipementier télécoms chinois Huawei Technologies de retourner en Chine en échange d'aveux, a déclaré jeudi une personne proche du dossier.

Les négociations entre les avocats de Meng Wanzhou, qui se trouve au Canada depuis son arrestation à l'aéroport de Vancouver en décembre 2018, et le département américain de la Justice ont repris après l'élection présidentielle du 3 novembre aux Etats-Unis, a indiqué cette source.

On ne connaît pas dans l'immédiat les contours que pourrait revêtir un éventuel accord.

Selon le Wall Street Journal, qui a rapporté en premier lieu l'information, les avocats de Meng Wanzhou et des représentants du département de la Justice ont discuté de la possibilité de conclure un "accord de poursuites suspendues".

Dans le cadre d'un tel accord, Meng Wanzhou serait contrainte de reconnaître une partie des accusations la visant, et les procureurs accepteraient alors de reporter puis d'abandonner les poursuites si elle coopère avec eux.

La source a déclaré toutefois que Meng Wanzhou, qui estime n'avoir commis aucune malversation, est réticente à l'idée d'admettre des faits qu'elle considère erronés.

L'accord ne semble pas faire partie d'échanges plus larges avec Huawei, a ajouté la source.

Le mandat d'arrêt délivré par les Etats-Unis, qui a conduit à l'arrestation de la directrice financière de Huawei le 1er décembre 2018 au Canada, s'appuie sur des soupçons d'infraction aux sanctions américaines contre l'Iran.

MENG WANZHOU EST INNOCENTE, DIT LA CHINE

Agée de 48 ans, Meng Wanzhou a été inculpée de fraude bancaire et fraude électronique, pour avoir notamment trompé HSBC et d'autres banques sur des contrats négociés par le groupe chinois avec Skycom Tech, une entreprise opérant en Iran et considérée comme une société écran.

Meng Wanzhou a siégé au conseil d'administration de Skycom entre février 2008 et avril 2009, selon les dépôts au registre de Skycom Tech, dont le siège est à Hong Kong.

Selon Huawei, Skycom est seulement un partenaire commercial local, mais d'après les procureurs américains, l'entreprise est en réalité une filiale non officielle du groupe chinois utilisée pour dissimuler ses activités en Iran.

Les autorités américaines accusent Huawei de s'être servi de de Skycom pour obtenir des biens, des technologies et des services d'origine américaine en infraction avec l'embargo qui frappe l'Iran.

La porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Hua Chunying, a déclaré lors d'un point presse que Meng Wanzhou était innocente et que les Etats-Unis avaient "chorégraphié" l'affaire pour réprimer les entreprises chinoises de haute technologie. Elle n'a fait aucun commentaire direct sur l'accord.

"Nous exhortons les Etats-Unis à abandonner ce mandat d'extradition et cet ordre d'arrêt contre Mme Meng et nous exhortons la partie canadienne à la libérer et à lui permettre de retourner en Chine dès que possible", a-t-elle déclaré.

Un porte-parole du département américain de la Justice a décliné une demande de commentaire.

Aucune réaction n'a pu être obtenue dans l'immédiat auprès de Huawei, ni auprès du ministère canadien des Affaires étrangères.

En Bourse, les actions des fournisseurs de Huawei comme Wus Printed Circuit Kunshan, Shennan Circuits et Hon Hai Precision Industry ont augmenté à la suite de cette information.

(Karen Freifeld à New York et David Shepardson à Washington, avec Steve Scherer et David Ljunggren à Ottawa, Brenda Goh à Shanghai, Cate Cadell à Pékin, Bhargav Acharya à Bangalore; version française Jean Terzian et Claude Chendjou, édité par Blandine Hénault)