USA : Les démocrates envisagent une procédure de destitution contre Trump

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(Crédits : Jeenah Moon)

par Richard Cowan et Joseph Ax

WASHINGTON (Reuters) - Les élus démocrates au Congrès américain envisagent de lancer une nouvelle procédure de destitution à l'encontre de Donald Trump, après l'intrusion dans le Capitole de centaines de ses partisans encouragés par les appels du président à contester le résultat de l'élection présidentielle.

Les représentants des élus démocrates, Nancy Pelosi à la Chambre des représentants et Chuck Schumer au Sénat, ont demandé une procédure de destitution immédiate en cas de refus par le vice-président Mike Pence de prendre des mesures pour écarter Donald Trump du pouvoir.

"Les actes dangereux et séditieux du président nécessitent sa destitution immédiate", ont-ils déclaré dans un communiqué jeudi soir, accusant Donald Trump d'avoir incité à une "insurrection".

Plusieurs élus démocrates et républicains ont réclamé jeudi le recours à l'article 25 de la constitution américaine, qui permet de confier le pouvoir au vice-président si le président est jugé incapable d'exercer ses fonctions.

Mais selon plusieurs médias américains, Mike Pence serait opposé à ce recours.

Face aux vives critiques, Donald Trump a dénoncé les violences au Capitole qui ont fait cinq morts et reconnu dans une vidéo publiée sur Twitter que Joe Biden sera le prochain président des Etats-Unis.

"Je vais maintenant me concentrer sur la nécessité d'assurer une transition du pouvoir en douceur, ordonnée et sans heurts. Ce moment appelle à la guérison et à la réconciliation", a-t-il assuré.

Ces déclarations contrastent fortement avec son discours de mercredi à Washington, dans lequel il avait exhorté ses partisans à descendre sur le Capitole alors que le Congrès était réuni pour certifier la victoire à la présidentielle de Joe Biden.

Peu après, des émeutiers ont pris d'assaut le siège du Congrès, symbole de la démocratie américaine, obligeant les élus à fuir et provoquant la suspension du vote.

Un policier assurant la garde du Capitole est décédé jeudi des suites des blessures reçues lors des violences. Une manifestante a été tuée par balles par la police et trois autres personnes sont décédées d'une urgence médicale.

Le FBI a offert une récompense pouvant aller jusqu'à 50.000 dollars pour toute information concernant les personnes responsables d'avoir placé des bombes artisanales aux sièges de la direction des partis républicain et démocrate.

PAS ASSEZ DE TEMPS ?

A moins de deux semaines de la fin du mandat de Donald Trump, il n'est pas certain qu'une procédure de destitution aura le temps d'aboutir.

Nancy Pelosi n'a pas annoncé de décision mais elle a clairement indiqué lors d'une conférence de presse que la base démocrate réclamait que des mesures soient prises après les scènes d'insurrection au Capitole.

Si la procédure de destitution aboutit à la Chambre des représentants, elle devra encore être approuvée par le Sénat, encore à majorité républicaine en attendant l'arrivée des deux nouveaux sénateurs démocrates de Géorgie, et qui est en congés jusqu'au 19 janvier.

La Chambre des représentants, contrôlée par les démocrates, avait voté en décembre 2019 une procédure de destitution à l'encontre de Donald Trump mais le Sénat l'avait rejetée deux mois après.

Aucun président américain n'a jamais dû affronter deux procédures de destitution durant son mandat.

Au moins deux élus républicains, le gouverneur du Maryland Larry Hogan et le représentant Adam Kinzinger ont appelé au départ de Donald Trump.

Dans un éditorial, le Wall Street Journal, considéré comme l'une des principales voix de l'establishment républicain, demande également la démission du président.

Plusieurs hauts fonctionnaires de l'administration Trump ont démissionné en signe de protestation contre l'invasion du Capitole, dont Elaine Chao, la secrétaire aux Transports et épouse du chef de la majorité républicaine au Sénat Mitch McConnell, et Betsy DeVos, la secrétaire à l'Education.

(avec Steve Holland et Andrea Shalal à Washington; Blandine Hénault pour la version française, édité par Jean-Stéphane Brosse)