USA : Les démocrates vont tenter une deuxième procédure de destitution de Trump

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(Crédits : Erin Scott)

par David Morgan, Susan Cornwell et Joseph Ax

WASHINGTON (Reuters) - La majorité démocrate à la Chambre des représentants prévoit de déposer lundi un projet de procédure de destitution contre Donald Trump, a-t-on appris vendredi de deux sources, à la suite de l'envahissement du Capitole par des partisans du président sortant désireux d'empêcher le Congrès d'entériner la victoire de son adversaire Joe Biden à l'élection présidentielle américaine.

Si ce projet aboutit, il constituerait une première dans l'histoire des Etats-Unis, où aucun président n'a jamais eu à affronter deux procédures de destitution.

Donald Trump a déjà subi une telle procédure, mise en échec en février dernier par le Sénat sortant à majorité républicaine, pour ses efforts supposés afin de contraindre l'Ukraine à ouvrir une enquête sur les activités d'un fils de Joe Biden dans ce pays.

Une deuxième tentative de destitution aurait également peu de chances d'aboutir alors que les républicains contrôlent encore pour quelques jours le Sénat et que le mandat de Donald Trump s'achèvera le 20 janvier.

Les démocrates ont exhorté le vice-président Mike Pence et le cabinet de Donald Trump à activer le 25e amendement de la Constitution des Etats-Unis, qui leur permet d'écarter le président s'ils le jugent inapte à remplir ses fonctions.

Mike Pence, bien qu'il ait dénoncé l'envahissement du Capitole, s'oppose à ce scénario, a dit l'un de ses conseillers.

Les démocrates espèrent qu'en agitant la menace d'une nouvelle procédure de destitution, avec un vote susceptible d'intervenir dès la semaine prochaine à la Chambre, ils réussiront à mettre la pression sur le vice-président et sur le cabinet.

Joe Biden a déclaré vendredi à la presse qu'il jugeait Donald Trump "inapte" à la fonction présidentielle mais a souligné qu'il revenait au Congrès de se prononcer.

PELOSI DEMANDE À LA CHAMBRE DE SE TENIR PRÊTE

La Maison blanche et les plus proches alliés de Donald Trump, tels que le sénateur Lindsey Graham et le chef de file des représentants républicains Kevin McCarthy, ont dit qu'une procédure de destitution ne ferait qu'aggraver les divisions aux Etats-Unis.

D'après une copie du projet transmise à des élus du Congrès, les représentants démocrates accusent Donald Trump d'"incitation à la violence contre le gouvernement des Etats-Unis".

Ils évoquent aussi le récent appel téléphonique du président américain au secrétaire d'Etat de Géorgie, Brad Raffensperger, pour lui demander de "trouver" les votes nécessaires permettant de renverser le résultat de l'élection présidentielle dans cet Etat remporté par Joe Biden.

Après une conférence téléphonique de plus de trois heures avec les représentants démocrates, leur cheffe de file Nancy Pelosi a annoncé dans un communiqué avoir demandé à la commission de la Chambre chargée de mettre en oeuvre ses initiatives de se tenir prête à lancer une procédure de destitution.

"L'espoir des membres est que le président démissionne immédiatement", a-t-elle déclaré, en référence aux représentants démocrates. "La Chambre laisse toutes les options ouvertes (...) Avec le plus grand respect, nos délibérations continuent."

Un peu plus tôt dans la journée, elle a qualifié le président sortant de "déséquilibré" et a jugé que le Congrès devait tout faire pour protéger les Américains, même si le mandat de Donald Trump expire le 20 janvier lors de la prestation de serment de Joe Biden à laquelle son successeur a annoncé qu'il n'assisterait pas.

FRACTURE CHEZ LES RÉPUBLICAINS

Nancy Pelosi a également dit avoir passé en revue vendredi avec le chef d'état-major de l'armée américaine, le général Mark Milley, les mesures envisageables pour empêcher Donald Trump de déclencher des hostilités ou d'ordonner une frappe nucléaire au cours des 12 derniers jours de son mandat.

Donald Trump, qui a sans relâche depuis l'élection du 3 novembre dénoncé des fraudes sans apporter la moindre preuve, a encouragé mercredi ses partisans réunis à Washington à marcher en direction du Capitole.

Après son discours, des centaines d'émeutiers sont entrés de force dans le Capitole, qui abrite les deux chambres du Congrès des Etats-Unis, contraignant les parlementaires à suspendre la procédure de certification définitive des résultats du scrutin présidentiel et à se réfugier dans des lieux sûrs.

Une fois ces partisans du président sortant évacués, les élus du Congrès ont confirmé la victoire de Joe Biden.

Ces violences dans et autour du Capitole ont fait cinq morts, dont un policier.

Outre l'émotion internationale qu'elles ont suscitées, elles ont aussi provoqué une fracture au sein du camp républicain, certains élus réclamant le départ immédiat de Donald Trump, confronté également à une vague de démissions au sein de son administration.

(version française Bertrand Boucey)