Italie : Les partis au pouvoir évoquent des élections anticipées

reuters.com  |   |  631  mots
Italie: les partis au pouvoir evoquent des elections anticipees[reuters.com]
(Crédits : Yara Nardi)

par Gavin Jones

ROME (Reuters) - Les deux partis de la coalition au pouvoir en Italie ont évoqué vendredi la possibilité d'élections législatives anticipées comme un moyen de sortir de la crise politique actuelle à Rome si le gouvernement de Giuseppe Conte ne parvient pas à s'assurer une majorité parlementaire solide après avoir survécu de justesse en début de semaine à un vote de confiance.

Alors que le président du Conseil n'a obtenu la confiance du Sénat mardi qu'à la faveur des abstentions, Giuseppe Conte a appelé les députés centristes et indépendants de la chambre haute n'appartenant pas à sa coalition à s'allier à son gouvernement minoritaire.

Peu d'élus ont pour l'instant répondu à cette invitation alors que le temps presse pour faire adopter les lois nécessaires à la lutte contre l'épidémie de COVID-19, l'Italie étant l'un des pays les plus durement touchés en Europe, et contre la crise économique qu'elle a déclenchée.

Ce climat politique incertain a déjà des répercussions sur les marchés financiers avec un renchérissement du coût de la dette italienne, l'écart de rendement entre les obligations italiennes à 10 ans et leurs homologues de référence allemandes ayant atteint vendredi un plus haut depuis novembre.

"Nous n'avons pas peur des élections et nous pensons qu'elles peuvent être l'un des moyens de sortir de cette situation", a dit Andrea Martella, sous-secrétaire d'Etat à la présidence du Conseil, issu du Parti démocrate (PD), vendredi à la RAI.

Andrea Orlando, numéro deux de la formation de centre-gauche, a adressé un message similaire jeudi soir lorsqu'il lui a été demandé au cours d'une émission de télévision si des élections devenaient probables, deux ans avant leur date prévue: "Malheureusement elles le sont, nous pensons que si Conte tombe, cette majorité implosera."

LA LIGUE DE SALVINI FAVORITE DANS LES SONDAGES

Le président du groupe PD au Sénat, Andrea Marcucci, a pour sa part jugé vendredi que des élections ne seraient pas une issue idéale à la crise mais qu'elles ne pouvaient être exclues. "Je crois que la direction de notre parti est consciente que le recours à des élections anticipées n'est en aucun cas opportun mais au vu de la situation, c'est un risque qui ne peut être exclu", a-t-il écrit sur Twitter.

Partenaire de coalition du PD, le Mouvement 5-Etoiles (M5S) a également déclaré vendredi que si Giuseppe Conte ne parvenait pas à obtenir rapidement un franc soutien parlementaire, des élections anticipées constitueraient la seule option.

Les sondages indiquent que des élections anticipées seraient remportées par la Ligue de Matteo Salvini, formation de droite anti-immigration.

La crise a été déclenchée la semaine dernière par la défection d'Italia Viva, le petit parti de Matteo Renzi, qui a privé le gouvernement de Giuseppe Conte d'une majorité au Sénat.

Pour les observateurs de la vie politique italienne, la menace d'élections anticipées agitée par le PD et le Mouvement 5-Etoiles vise à faire pression sur les sénateurs hésitants, dont beaucoup risqueraient de ne pas être réélus en cas de scrutin dans les semaines à venir.

Cette attitude génère toutefois des tensions au sein du Parti démocrate, dont quatre sénateurs ont demandé vendredi à ses dirigeants de cesser d'évoquer cette piste "directement ou indirectement".

Le PD et le M5S excluent tous deux de participer à une coalition élargie à des formations de droite ainsi que, pour l'instant, toute réconciliation avec Matteo Renzi. Le M5S exige le maintien de Giuseppe Conte, qui n'appartient à aucun parti, à la tête de tout gouvernement.

(Angelo Amante, Giuseppe Fonte et Valentina Consiglio; version française Diana Mandiá, édité par Bertrand Boucey)