Un diplomate iranien condamné en Belgique à 20 ans de prison pour terrorisme

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Un diplomate iranien condamne en belgique a vingt ans de prison pour terrorisme[reuters.com]
(Crédits : Johanna Geron)

par Clement Rossignol et Robin Emmott

ANVERS, Belgique (Reuters) - Le diplomate iranien Assadolah Assadi, accusé d'avoir planifié l'attentat manqué de Villepinte, près de Paris en 2018, a été condamné jeudi à vingt ans de prison par un tribunal d'Anvers, en Belgique.

Il s'agissait du premier procès d'un responsable iranien pour terrorisme dans l'Union européenne depuis la Révolution islamique de 1979.

Réagissant à cette condamnation, le ministère iranien des Affaires étrangères a déclaré que la détention, le procès et le verdict prononcé à l'encontre d'Assadolah Assadi étaient contraire à la loi et en violation flagrante du droit international.

Assadolah Assadi, qui était en poste à Vienne, a été jugé coupable d'avoir fomenté un attentat à la bombe en juin 2018 lors d'une réunion du Conseil national de la résistance iranienne (CNRI) à Villepinte, en Seine-Saint-Denis, un projet déjoué in extremis par les polices française, belge et allemande.

"Ce verdict montre deux choses : un diplomate n'a pas d'immunité pour des actes criminels (...) et la responsabilité de l'Etat iranien dans ce qui aurait pu être un carnage", a déclaré Georges-Henri Beauthier, avocat des parties civiles, devant la presse à l'extérieur du tribunal.

La peine est conforme aux réquisitions des procureurs belges. Assadolah Assadi, qui est en détention en Belgique, a refusé de comparaître devant la cour et n'a pas répondu aux accusations selon lesquelles il a agi pour le compte de Téhéran.

Le procès se tenait à huis clos et sous haute surveillance.

Outre Assadolah Assadi, trois de ses compatriotes étaient également jugés pour complicité. Ils ont été condamnés respectivement à 15, 17 et 18 ans d'emprisonnement.

L'un des avocats de la défense a déclaré qu'il recommanderait de faire appel de cette condamnation.

L'Iran a nié toute implication et dénoncé une machination du CNRI, que Téhéran considère comme une organisation terroriste.

D'après les enquêteurs, Assadolah Assadi a transporté les explosifs destinés à l'attentat lors d'un vol commercial entre l'Iran et l'Autriche, montrent des documents du parquet fédéral belge consultés par Reuters.

"Les preuves sont accablantes sur le rôle des hauts dirigeants du régime iranien dans le complot terroriste", a déclaré Shahin Gobadi, porte-parole basé à Paris d'une organisation d'opposition membre du CNRI.

"UN PIÈGE DE L'OCCIDENT"

Un porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères a déclaré le mois dernier à l'agence de presse semi-officielle ISNA que l'immunité diplomatique d'Assadolah Assadi avait été violée et que celui-ci était victime d'un piège de l'Occident.

Les autorités en Allemagne, où Assadolah Assadi a été arrêté alors qu'il y séjournait, ont fait valoir que l'immunité d'Assadi en tant que troisième secrétaire de l'ambassade d'Iran à Vienne ne s'appliquait pas hors d'Autriche. Elles l'ont extradé en Belgique où un tribunal a ordonné le placement en détention du diplomate iranien.

Deux des co-accusés d'Assadolah Assadi ont été arrêtés en Belgique en possession d'explosif et d'un détonateur, selon les procureurs.

Assadolah Assadi a laissé entendre l'an dernier que des représailles seraient à craindre s'il était condamné, selon un document de police que Reuters a obtenu.

La décision du tribunal d'Anvers intervient à un moment délicat pour les relations entre les puissances occidentales et l'Iran, alors que le nouveau président américain Joe Biden étudie la possibilité de revenir dans l'accord de 2015 sur le nucléaire iranien et de lever les sanctions contre Téhéran rétablies par son prédécesseur Donald Trump.

Depuis la signature à l'été 2015 de l'accord de Vienne, l'Union européenne cherche à établir avec l'Iran des relations diplomatiques et économiques plus étroites, mais elle dit ne pas pouvoir fermer les yeux sur des violations des droits de l'homme ou le terrorisme.

(avec John Irish à Paris; version française Jean Terzian, Jean-Stéphane Brosse et Claude Chendjou, édité par Nicolas Delame)