Les fermiers bloquent les routes en Inde pour protester contre une réforme agraire

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Le chakka jam de samedi doit durer trois heures[reuters.com]
(Crédits : Danish Siddiqui)

par Adnan Abidi et Jatindra Dash

BOMBAY (Reuters) - Des milliers d'agriculteurs ont bloqué samedi de nombreuses routes à travers l'Inde pour protester contre une réforme agraire à l'origine de plusieurs mois de contestation.

Des barricades, des tracteurs, des camions et des rochers ont été installés à travers les routes pour bloquer la circulation.

Le mouvement de contestation a été lancé par les producteurs de riz et de blé du nord de l'Inde, venus par milliers camper aux abords de New Delhi, avant de se répandre à travers le pays, notamment dans les régions qui ne sont pas gouvernées par le parti du Premier ministre Narendra Modi.

Le gouvernement fédéral a proposé des concessions aux agriculteurs mais il refuse d'abroger trois lois adoptées l'an dernier qu'il juge cruciales pour attirer les investissements dans un secteur qui représente près de 15% de l'économie du pays et emploie environ la moitié de sa population.

Les paysans craignent pour leur part la fin progressive du système actuel d'achats publics garantis pour leur production et la future mainmise de grands groupes privés étrangers sur leur activité.

Le "chakka jam", ou blocage des routes, de samedi doit durer trois heures. New Delhi et quelques Etats voisins y échappent.

"Aujourd'hui, le soutien de toute la société est pour les agriculteurs", a écrit sur Twitter l'un des défenseurs du mouvement, le militant Yogendra Yadav. "La victoire est certaine."

Malgré l'hiver, des dizaines de milliers de fermiers campent déjà depuis plus de deux mois en périphérie de New Delhi, bloquant d'importants axes routiers. Le mouvement a été globalement pacifique mais le 26 janvier, un rassemblement de tracteurs s'est terminé par des affrontements entre certains fermiers et les forces de l'ordre à New Delhi.

Depuis, les autorités ont coupé le réseau internet mobile dans certains quartiers de la capitale et ont installé d'imposants barrages pour empêcher toute nouvelle intrusion de manifestants dans la ville.

Le Haut Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme (HCDH) a demandé samedi aux autorités indiennes comme aux fermiers de faire preuve d'une "retenue maximale".

Ce mouvement de contestation a pris une dimension internationale avec le soutien apporté aux fermiers par des célébrités telles que la chanteuse Rihanna ou la militante écologiste Greta Thunberg.

(Adnan Abidi à Kundli et Jatindra Dash à Bhubaneshwar; avec Abhirup Roy; version française Camille Raynaud et Bertrand Boucey)