USA : Donald Trump acquitté au terme de son second procès en destitution

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(Crédits : Carlos Barriá)

par David Morgan, Makini Brice et Richard Cowan

WASHINGTON (Reuters) - Donald Trump a été acquitté samedi par le Sénat américain au terme de son second procès en destitution, après cinq jours d'audience devant la chambre haute du Congrès.

L'ancien président avait été mis en accusation le 13 janvier par la Chambre des représentants alors qu'il était encore à la Maison blanche, pour incitation à l'insurrection lors de l'assaut du Capitole par ses partisans le 6 janvier.

Cinquante-sept sénateurs, dont sept républicains, ont voté en faveur de sa destitution, dix voix en deçà de la majorité requise des deux tiers, soit 67 voix sur 100.

Réagissant à l'énoncé du verdict, l'ancien président a estimé que ce procès avait marqué "une nouvelle étape de la vaste chasse aux sorcières" en cours dans l'histoire du pays.

Donald Trump, premier président des Etats-Unis à être visé par deux procédures d'"impeachment", avait déjà été acquitté au terme d'un premier procès il y a un an, qui portait sur les pressions présumées exercées sur l'Ukraine afin que Kiev ouvre une enquête sur Joe Biden et son fils, Hunter Biden.

A l'époque, et alors que le Sénat était contrôlé par les républicains, un seul élu du Grand Old Party, Mitt Romney, avait voté en faveur de la culpabilité du président.

Cette fois, outre Mitt Romney, Richard Burr, Bill Cassidy, Susan Collins, Ben Sasse, Pat Toomey et Lisa Murkowski ont joint leurs voix à celles des démocrates.

Mitch McConnell, chef du groupe républicain au Sénat, qui a voté "non coupable", a cependant déclaré après le verdict que le président Trump était à ses yeux moralement et en pratique responsable des événements du 6 janvier.

"Les gens qui ont attaqué ce bâtiment étaient persuadés d'agir selon les souhaits et instructions de leur président", a ajouté McConnell.

L'ex-président américain était accusé d'avoir incité lors d'un discours ses partisans réunis à Washington le 6 janvier à marcher sur le Capitole et à s'en prendre aux parlementaires pour empêcher la certification par le Congrès de l'élection de Joe Biden.

Vendredi, ses défenseurs ont affirmé que le camp démocrate n'avait apporté aucune preuve de sa responsabilité dans les émeutes lors desquelles cinq personnes, dont un policier, sont décédées.

Selon eux, le discours prononcé par le milliardaire avant l'assaut qui appelait les manifestants à "combattre" pour interrompre le processus de certification, était protégé par le premier amendement de la constitution des Etats-Unis, qui garantit la liberté d'expression.

LE SÉNAT PEUT ENCORE LE "CENSURER"

Lors des audiences précédentes, des membres démocrates de la Chambre des représentants ont diffusé des enregistrements vidéo et des tweets qui, selon eux, prouvaient que Donald Trump avait ouvert la voie aux violences du 6 janvier en affirmant à de multiples reprises au cours des semaines précédentes que les résultats de l'élection présidentielle du 3 novembre étaient entachés de fraudes.

Pour les démocrates, l'ex-président a appelé au rassemblement à Washington, il a donné des instructions aux manifestants et il n'a rien fait pour arrêter les violences. Son unique appel à agir pacifiquement ne l'absout pas, ont-ils ajouté.

Malgré son acquittement, le Sénat peut encore décider de le "censurer", voire de l'empêcher d'occuper de nouveaux des fonctions officielles.

Le 14e amendement de la Constitution prévoit ainsi de rendre inéligible quiconque s'est engagé dans une action d'insurrection ou de rébellion contre le gouvernement.

Interrogé jeudi sur cette dernière possibilité, Chuck Schumer, le chef de file de la majorité démocrate du Sénat, a déclaré que la décision ne serait prise qu'à l'issue du procès.

Dans un sondage Reuters/Ipsos publié samedi avant l'issue du procès, 71% des Américains, dont près de la moitié se déclarant républicains, jugeaient que Donald Trump était au moins partiellement responsable de l'assaut contre le Capitole, mais seulement la moitié pensaient qu'il devait être condamné pour incitation à l'insurrection.

(Version française Marc Angrand et Jean-Stéphane Brosse)