France : Nouveau manifeste des 343 pour allonger le délai de recours à l'IVG

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PARIS (Reuters) - Cinquante ans après le "manifeste des 343" pour le droit à l'avortement, 343 "femmes et personnes pouvant vivre une grossesse" réclament dans une tribune publiée par le Journal du Dimanche le droit d'avorter en France au-delà du délai légal de douze semaines actuellement en vigueur.

"Nous n'avons pas encore acquis la propriété pleine et entière de nos corps. Le patriarcat freine nos choix", peut-on lire dans ce texte signé notamment par des artistes comme Béatrice Dalle, Julie Gayet ou Vanessa Paradis ou des responsables politiques comme Clémentine Autain, Laurence Rossignol ou Audrey Pulvar.

"Par rapport à l'avortement la loi en a fixé la limite : douze semaines de grossesse. Au-delà, les recours sont limités et conditionnés", poursuit la tribune.

"D'une part, conditionnés aux médecins qui statuent alors sur la 'nécessité médicale' d'interrompre une grossesse. (...) Pour les femmes et les citoyennes, la liberté s'arrête là où commence le pouvoir médical. D'autre part, l'accès à l'avortement au-delà de douze semaines de grossesse est conditionné à notre situation socio-économique."

"Enfin, privées de leur droit à disposer de leur corps, il y a ces femmes forcées à poursuivre une grossesse non désirée. Cette violence est infligée dans le silence et l'indifférence."

"En solidarité avec toutes ces femmes, je déclare que je suis l'une d'elles. Je déclare avoir avorté. En France. A l'étranger. Au-delà du délai légal français. Je pourrais être l'une d'entre elles. Je suis solidaire."

Publié le 5 avril 1971 dans les colonnes du Nouvel Observateur et signé entre autres par Simone de Beauvoir ou Catherine Deneuve, le "manifeste des 343", des femmes affirmant avoir avorté alors que l'interruption volontaire de grossesse, a marqué l'histoire du combat pour les droits des femmes en France, quatre ans avant la loi Veil dépénalisant l'IVG.

(Jean-Stéphane Brosse)