Le Maire veut "se donner du temps" sur le dossier EDF, selon des sources syndicales

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Le maire veut se donner du temps sur le dossier edf, selon des sources syndicales[reuters.com]
(Crédits : Sarah Meyssonnier)

par Benjamin Mallet

PARIS (Reuters) - Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire veut encore "se donner du temps" pour travailler au projet de réorganisation d'EDF et aucune décision sur ce dossier ne devrait être prise au cours des prochaines semaines, a-t-on appris auprès de sources syndicales.

Ces déclarations interviennent après une nouvelle série de rencontres entre le ministre et les syndicats, qui rejettent toujours le projet en mettant en garde contre les risques de démantèlement et de début de privatisation d'EDF.

Elles traduisent un changement de ton dans la mesure où des sources gouvernementales déclaraient début mars que la France espérait conclure un accord avec la Commission européenne "dans les toutes prochaines semaines" sur une réforme de la régulation du secteur nucléaire français et sur une réorganisation d'EDF, afin notamment que ces projets soient mis en oeuvre avant la prochaine élection présidentielle.

Evoquant "un ministre moins pressé que précédemment pour obtenir l'aval du 'corps social' et avec un contenu de réforme qui ne bouge pas sur le fond", le secrétaire général de la fédération Mines et Energie de la CGT, Sébastien Ménesplier, estime dans un message aux adhérents du syndicats que Bruno Le Maire "pose (...) une détente du calendrier pour aller probablement, c'est une supposition, jusqu'à l'automne".

Selon Dominique Bousquenaud, secrétaire général de la fédération CFDT Chimie Energie, "Bruno Le Maire a dit que les discussions avec la Commission européenne étaient toujours en cours et qu'il voulait obtenir toutes les garanties possibles avant d'engager quoi que ce soit".

"Il souhaite prendre le temps, y compris pour que nous puissions nous concerter, il ne veut pas de passage en force, donc ça va prendre un peu de temps et ce n'est pas pour tout de suite. Il a dit qu'il fallait se donner du temps", a-t-il dit à Reuters.

Toujours selon la CGT et la CFDT, Bruno Le Maire se montre en outre conscient du fait que loger la distributeur d'électricité Enedis dans un nouvel ensemble dont le capital serait ouvert constitue un point de blocage avec les syndicats.

Interrogé sur ces déclarations, le ministère de l'Economie a indiqué que les discussions se poursuivaient et qu'il n'avait aucun autre commentaire.

"NOUS RESTONS SUSPENDUS À L'ABOUTISSEMENT DES DISCUSSIONS"

Le projet global de refonte d'EDF, précédemment nommé "Hercule" mais que Bruno Le Maire ne désigne plus ainsi, passerait par la création d'un ensemble regroupant le parc nucléaire et thermique, qui serait intégralement renationalisé et qui détiendrait lui-même 100% d'une entité dédiée à l'hydroélectricité, dans un système de quasi-régie permettant d'éviter une mise en concurrence des barrages du groupe.

EDF, dont l'Etat détient aujourd'hui 83,7% du capital, créerait une troisième entité regroupant les énergies renouvelables, la distribution, les services et la commercialisation, dont le capital serait ouvert à des actionnaires minoritaires - potentiellement à hauteur de 30% - et qui bénéficierait d'un financement propre.

Jeudi, le PDG d'EDF Jean-Bernard Lévy a indiqué à l'occasion de l'assemblée générale des actionnaires du groupe qu'une augmentation de capital "significative" de cet "EDF Vert" serait envisageable dès son introduction en bourse.

"Rien ne permet de penser que les discussions pourront aboutir rapidement. Rien ne permet non plus de penser qu'elles pourraient ne pas aboutir, nous restons suspendus à l'aboutissement de ces discussions", a-t-il également dit.

(Avec Gwénaëlle Barzic, édité par Jean-Michel Bélot)