Le marché de l'emploi ralentit aux États-Unis, la main-d'oeuvre manque

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Etats-unis: les creations d'emplois bien inferieures aux attentes en avril[reuters.com]
(Crédits : Carlo Allegri)

par Lucia Mutikani

WASHINGTON (Reuters) - Le rebond des créations d'emplois au Etats-Unis a subi un coup de frein net et inattendu en avril, un manque de main-d'oeuvre limitant les embauches dont les entreprises ont besoin pour faire face une forte demande sur fond de redémarrage économique.

Le département du Travail a recensé 266.000 créations de postes non-agricoles le mois dernier alors que les économistes interrogés par Reuters en prévoyaient en moyenne 978.000.

Celles du mois de mars ont été révisées à la baisse à 770.000 après une estimation initiale de 916.000.

Le rapport d'avril montre une chute des emplois temporaires ainsi qu'une baisse de l'emploi dans l'industrie manufacturière et la distribution, ce qui pourrait renforcer les critiques à l'égard des importantes allocations chômage accordées par le gouvernement.

Celles-ci ont été prolongées dans le cadre du plan de soutien de 1.900 milliards de dollars adopté en mars par le Congrès pour faire face aux conséquences de la pandémie.

"C'est probablement un accident temporaire parce que le marché de l'emploi continue à se normaliser et que les chiffres devraient remonter avec le progrès des vaccinations, ceux qui restent à la maison à cause des allocations se rendant compte qu'elles expireront à la fin de l'été", commente Quincy Krosby, stratégiste de marché pour Prudential Financial.

La réaction des marchés, brutale tout d'abord puis nettement plus modérée, semble accréditer la thèse d'un ralentissement passager.

LE RENDEMENT DU 10 ANS CHUTE PUIS S'APAISE

Le rendement des emprunts d'Etat américains à 10 ans a chuté après la publication de cette statistique, tombant jusqu'à 1,469%, au plus bas depuis début mars, avant de revenir vers 1,53%.

En Bourse, le Dow Jones a ouvert en baisse mais s'est rapidement retourné à la hausse (+0,4% à 14h20 GMT) pour enrichir sa collection de records.

Le S&P 500 est dans le vert lui aussi (+0,8%) et le Nasdaq, à forte composante technologique et très sensible aux taux, prend 1,4%.

La baisse du dollar, qui perd plus de 0,5% face à un panier de référence, se prolonge en revanche.

Le taux de chômage, calculé sur la base d'une enquête distincte de celle sur les créations d'emplois, a augmenté à 6,1% alors que le consensus Reuters le donnait en baisse à 5,8% après 6,0% le mois précédent.

Mais cet indicateur n'est pas considéré, aux Etats-Unis, comme une mesure fidèle de l'évolution du marché du travail car il est biaisé par le fait qu'une partie des personnes interrogées pour le calculer se classent à tort comme "employés mais absents de leur travail", ce qui aboutit à le sous-évaluer.

Ces chiffres ne devraient vraisemblablement pas altérer les attentes d'une forte croissance de l'économie américaine cette année.

Ils pourraient en revanche apaiser au moins temporairement la crainte d'une remontée des rendements de la dette souveraine et d'un emballement de l'inflation qui contraindrait la Réserve fédérale à resserrer prématurément sa politique.

La Fed a laissé entendre qu'elle laisserait l'inflation dépasser temporairement son objectif de 2% et tolérerait ainsi une certaine surchauffe de l'économie pour aider le marché du travail à retrouver ses niveaux d'avant la crise sanitaire.

(version française Laetitia Volga et Patrick Vignal, édité par Jean-Michel Bélot)