Les discussions avec Bruxelles sur EDF restent "difficiles", selon Bercy

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(Crédits : Benoit Tessier)

par Benjamin Mallet

PARIS (Reuters) - Les discussions entre la France et la Commission européenne autour du projet de nouvelle régulation du parc nucléaire français et de réorganisation d'EDF "restent difficiles" même si elles ont connu "des avancées", a-t-on déclaré mardi au ministère de l'Economie et des Finances.

Ces déclarations interviennent après une réunion, lundi, entre le ministre de l'Economie Bruno Le Maire et la commissaire européenne à la Concurrence Margrethe Vestager.

La France cherche depuis plusieurs mois à finaliser ses négociations avec Bruxelles en vue d'une nouvelle régulation du parc nucléaire d'EDF qui passerait par une hausse du prix de vente de sa production et s'accompagnerait d'une refonte du groupe, que les syndicats rejettent en évoquant un risque de démantèlement et de début de privatisation.

"Les négociations restent difficiles avec la Commission européenne, il y a des avancées mais notre ligne rouge est claire et n'est pas négociable: c'est le maintien d'un groupe intégré", a-t-on déclaré à Bercy.

Le projet de refonte d'EDF passerait par la création d'une ensemble regroupant le parc nucléaire et thermique qui serait intégralement renationalisé et qui détiendrait lui-même 100% d'une entité dédiée à l'hydroélectricité, dans une quasi-régie évitant une mise en concurrence des barrages du groupe.

EDF, dont l'Etat détient aujourd'hui 83,7% du capital, créerait une troisième entité regroupant les énergies renouvelables, la distribution, les services et la commercialisation, dont le capital serait ouvert à des actionnaires minoritaires - potentiellement à hauteur de 30% - et qui bénéficierait d'un financement propre.

"Le projet du 'grand EDF' est un projet stratégique pour la nation française, parce que c'est un projet qui permet le financement de cet actif stratégique qu'est le nucléaire et le développement massif et rapide d'EDF sur les énergies renouvelables", estime-t-on à Bercy.

"Un des atouts dont dispose la France, c'est d'avoir une électricité disponible, décarbonée, à un tarif stable, c'est un actif absolument stratégique pour l'économie française (...), nous voulons tout simplement conforter cet actif dans les décennies qui viennent."

Des sources gouvernementales avaient indiqué début mars que la France espérait conclure un accord avec la Commission européenne "dans les toutes prochaines semaines", afin notamment que le projet soient mis en oeuvre avant la prochaine élection présidentielle de 2022.

Lors d'une série de rencontres avec les syndicats, Bruno Le Maire a cependant fait savoir début mai qu'il souhaitait se donner davantage de temps pour aboutir à un accord avec Bruxelles.

(Benjamin Mallet, édité par Bertrand Boucey et Jean-Michel Bélot)