Nucléaire : Pour EDF, un arrêt du réacteur EPR n°1 de Taishan s'impose

reuters.com  |   |  513  mots
Nucleaire: la fermeture du reacteur de taishan incombe a tnpjvc, selon edf[reuters.com]
(Crédits : Benoit Tessier)

PARIS (Reuters) - L'augmentation de la concentration de gaz rares dans le réacteur EPR n°1 de la centrale nucléaire de Taishan, dans le sud de la Chine, conduirait en France à une mise à l'arrêt de l'installation, a annoncé jeudi EDF.

La question d'un arrêt du réacteur s'est posée mi-juin après un article de CNN évoquant une fuite de la centrale et un rehaussement du niveau de radiations autorisé à l'extérieur du site, ce que le ministère chinois de l'Environnement a démenti par la suite.

"Au regard des analyses effectuées, les procédures d'EDF en matière d'exploitation du parc nucléaire français conduiraient EDF, en France, à mettre le réacteur à l'arrêt pour caractériser précisément le phénomène en cours et arrêter son évolution", a indiqué le groupe français dans un communiqué.

Cette mise au point intervient à la suite d'un conseil d'administration de TNPJVC, responsable de l'exploitation de la centrale de Taishan et coentreprise détenue par China General Nuclear Power Group - ou CGN (70%) et par EDF (30%), que le groupe français avait sollicité mi-juin.

"A Taishan, les décisions correspondantes appartiennent à TNPJVC", a souligné EDF.

"Nous ne sommes pas dans une situation d'urgence et encore moins dans une situation d'incident ou d'accident. Cela dit (...), nous réaliserions un arrêt du réacteur dans les meilleurs délais", a également précisé un porte-parole du groupe.

EDF a aussi fait savoir que, d'après les données dont il dispose, "les paramètres radiochimiques de l'eau du circuit primaire demeurent en deçà des seuils réglementaires en vigueur à la centrale de Taishan, seuils qui sont cohérents avec les pratiques internationales".

Le groupe a aussi confirmé son hypothèse initiale selon laquelle l'augmentation de gaz rares dans le réacteur n°1 de Taishan est due à "l'inétanchéité de crayons de combustible", celle-ci présentant "un caractère évolutif, qui fait l'objet d'un suivi en permanence par l'exploitant".

Les combustibles de Taishan ont été fabriqués en France par Framatome - aujourd'hui filiale d'EDF - sur son site de Romans-sur-Isère (Drôme).

Selon l'électricien public français, une mise à l'arrêt du réacteur n°1 de Taishan permettrait de stopper la dégradation des gaines de combustibles défectueuses, de comprendre les causes de leur perte d'étanchéité et de limiter l'ampleur du nettoyage et de la décontamination du circuit primaire qui seront nécessaires.

L'EPR n°1 de Taishan est le premier de ce type à être entré en service, fin 2018. La centrale dispose d'un deuxième réacteur du même modèle - lui aussi conçu par l'ex-Areva, devenu Framatome -, dont l'exploitation commerciale a commencé en septembre 2019.

La centrale de Taishan, plus important projet de coopération sino-française dans le secteur énergétique, peut fournir au réseau électrique chinois jusqu'à 24 térawatts d'électricité par an, soit l'équivalent de la consommation annuelle de cinq millions de Chinois.

(Reportage Benjamin Mallet ; édité par Jean-Stéphane Brosse)