L'économie de la zone euro renoue avec la croissance au T2, l'inflation à plus de 2%

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Zone euro: l'economie renoue avec la croissance au t2[reuters.com]
(Crédits : Yves Herman)

par Philip Blenkinsop

BRUXELLES (Reuters) - L'économie de la zone a renoué avec la croissance au deuxième trimestre, à un rythme plus important que prévu, grâce à l'assouplissement des mesures sanitaires, montre l'estimation rapide préliminaire publiée vendredi par Eurostat.

Le produit intérieur brut (PIB) des 19 pays ayant adopté la monnaie unique a augmenté de 2% par rapport aux trois mois précédents et de 13,7% sur un an.

Les économistes interrogés par Reuters tablaient sur une croissance de 1,5% par rapport au trimestre précédent et de 13,2% sur un an.

"La statistique confirme que le rebond économique est en cours. Il a probablement commencé au cours du premier trimestre avec la levée de restrictions (...) Le variant Alpha, le faible démarrage de la vaccination et les problèmes de chaîne d'approvisionnement sont autant de facteurs qui ont freiné le rythme de croissance atteint au deuxième trimestre", a déclaré Bert Colijn, économiste senior chez ING.

L'Italie, la troisième économie de la zone, et l'Espagne, la quatrième, ont enregistré une croissance trimestrielle de 2,7% et 2,8% respectivement. Le PIB du Portugal, également dépendant du tourisme, a progressé de 4,9%.

Au premier trimestre, l'économie de la zone euro s'était contractée de 0,3% par rapport aux trois mois précédents et de 1,3% sur un an, en grande partie imputable à la faiblesse de l'Allemagne où les restrictions instaurées depuis novembre avait freiné la consommation.

La première économie du bloc a retrouvé le chemin de l'expansion sur la période avril-juin (+1,5%) mais le rebond a été moins important que prévu.

L'économie française a quant à elle rebondi de 0,9% au deuxième trimestre, une progression supérieure aux attentes qui lui permet de se rapprocher du niveau qui était le sien avant la crise sanitaire liée à la pandémie de COVID-19.

"La plupart des grandes économies ont dépassé les attentes, à l'exception de l'Allemagne, confrontée à des problèmes d'approvisionnement plus importants étant donné la taille de son industrie automobile, particulièrement touchée. Les pays qui sont plus loin de leur niveau d'avant la pandémie, comme l'Italie et l'Espagne, ont enregistré des taux de croissance impressionnants", a ajouté Bert Colijn.

De nombreux pays de la zone euro sont toutefois confrontés à une nouvelle de contamination par le variant Delta du coronavirus.

Les chiffres de l'économie américaine ont montré une solide progression au deuxième trimestre (+6,5%), portant le taux de PIB au-delà de son pic d'avant-crise grâce aux soutiens budgétaires et à la vaccination, même si sa croissance a été moins importante que ne l'anticipaient les analystes.

L'INFLATION AU-DESSUS DE L'OBJECTIF DE LA BCE

L'inflation dans la zone euro a accéléré plus que prévu en juillet, essentiellement en raison de la nette progression des prix de l'énergie, pour dépasser l'objectif fixé par la Banque centrale européenne.

L'indice des prix à la consommation calculé aux normes européennes (IPCH) a augmenté de 2,2% sur un an après +1,9% en juin alors que le consensus Reuters prévoyait une hausse plus modérée de 2,0%.

La hausse des prix de l'énergie est estimée à 14,1% sur un an, un chiffre en hausse par rapport à juin (+12,6%).

L'inflation dite de base, c'est-à-dire hors énergie et produits alimentaires non transformés, deux catégories souvent volatiles, reste toutefois contenue à 0,9% sur un an, comme le mois précédent.

Une mesure plus étroite encore, qui exclut aussi l'alcool et le tabac, affiche une hausse de 0,7% par rapport à juillet 2020 après 0,9% le mois dernier.

La BCE vise désormais un niveau d'inflation de 2% et s'attend à ce que la hausse des prix dans la zone euro dépasse temporairement ce niveau cette année avant de refluer l'an prochain.

Ces chiffres ne devraient donc pas inquiéter ses responsables, qui ont indiqué qu'ils n'ajusteraient pas leur politique car les facteurs ponctuels à l'origine de cette hausse, tels que l'augmentation des prix du pétrole, devraient s'estomper l'année prochaine.

Eurostat a également annoncé que le chômage dans la zone euro a reculé en juin à 7,7%, soit 12,517 millions de personnes, après 8,0% en mai. Les économistes sondés par Reuters tablaient en moyenne sur un taux de chômage de 7,9%.

(Reportage Philip Blenkinsop, version française Laetitia Volga, édité par Blandine Hénault)