Réunion des ministres de l'UE sur les relations commerciales avec l'Australie

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(Crédits : Andrew Kelly)

BRUXELLES (Reuters) - Les ministres des Affaires étrangères des Etats membres de l'Union européenne se réunissent ce lundi soir à New York pour discuter des relations commerciales avec l'Australie après l'annulation par Canberra d'une commande de sous-marins français.

La réunion est programmée à 22h00 GMT en marge de l'Assemblée générale des Nations unies, a précisé à Bruxelles un porte-parole de la Commission européenne en réponse à une question sur les conséquences de cette affaire sur les négociations commerciales entre les Vingt-Sept et l'Australie.

Un autre porte-parole de la Commission a indiqué que l'exécutif européen examinait "l'impact sur le calendrier" de négociations commerciales que pourrait avoir l'annulation par Canberra de la commande de sous-marins français au profit d'une alliance avec les Etats-Unis et le Royaume-Uni.

La France ne décolère pas depuis la rupture de ce contrat et a rappelé vendredi ses ambassadeurs à Washington et Canberra.

"L'unilatéralisme, l'imprévisibilité, le défaut de concertation entre alliés que nous avons constatés dans la décision prise par l'Australie et les Etats-Unis, c'est la permanence de réflexes d'une époque que nous espérions révolue", a souligné le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian lors d'une conférence de presse précédant la réunion.

Cette "rupture de confiance entre alliés (...) appelle des réflexions lourdes entre Européens sur la conception que nous nous faisons des alliances et des partenariats", a-t-il insisté, en constatant que "ce doute est partagé au niveau européen".

Dans une interview à la chaîne américaine CNN, la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a estimé que la France avait été traitée "de manière inacceptable" dans ce dossier.

"Nous voulons savoir ce qui s'est passé et pourquoi", a-t-elle ajouté.

Le Haut Représentant pour la politique extérieure de l'UE, Josep Borrell, s'est entretenu lundi à New York avec la ministre australienne des Affaires étrangères, Marise Payne, en lui disant regretter que le partenariat conclu par Canberra avec Washington et Londres exclut des partenaires européens, "qui ont une forte présence dans le Pacifique", a dit son porte-parole.

L'AMÉRIQUE DE RETOUR, MAIS OÙ ?

Egalement présent à New York, le président du Conseil européen, Charles Michel, a dit avoir du mal à comprendre la décision des Américains, des Australiens et des Britanniques.

"L'Amérique est de retour. Tel était le message historique adressé par cette nouvelle administration mais désormais nous nous posons des questions. Que cela signifie-t-il ? L'Amérique est de retour ? Est-elle de retour en Amérique ou ailleurs ? Nous ne savons pas", a-t-il dit.

"Il est très étrange de placer l'Europe en dehors du jeu dans la région indo-pacifique", a-t-il poursuivi. "Les principes élémentaires d'une alliance sont la loyauté et la transparence (...). Ce n'est pas le choix qu'a fait notre allié."

De hauts responsables américains et européens doivent se retrouver fin septembre à Pittsburgh, en Pennsylvanie, pour une réunion inaugurale du Conseil de commerce et de technologie UE-USA mais Charles Michel a relevé que plusieurs Etats membres souhaitaient reporter cette rencontre.

La prochaine session de négociations en vue d'un accord de libre-échange entre l'UE et l'Australie est quant à elle pour le moment prévue le 12 octobre.

L'eurodéputé allemand Bernd Lange, président de la commission du commerce international du Parlement européen, a estimé lundi que les tensions entre Paris et Canberra allaient rendre ces négociations "beaucoup plus compliquées".

LA FRANCE ATTEND DE BIDEN DES CLARIFICATIONS

Le président américain Joe Biden a demandé à s'entretenir avec Emmanuel Macron dans les prochains jours, a déclaré un responsable américain, confirmant une information donnée dimanche par le porte-parole du gouvernement français Gabriel Attal. Il a ajouté que la date de cet entretien n'avait pas encore été arrêtée.

Lors de sa conférence de presse à la mission française aux Nations unies, Jean-Yves Le Drian a déclaré que la France attendait de cet entretien téléphonique des clarifications et des explications.

"Les Européens ont eux aussi leurs intérêts et ils ne sont pas en contradiction avec les intérêts fondamentaux des Etats-Unis. Encore faut-il qu'on se le dise et que les intérêts fondamentaux des Européens soient pris en compte par notre allié", a ajouté Jean-Yves Le Drian.

Joe Biden comprend la position de la France, dit-on de source officielle américaine, mais il est en désaccord avec elle. Au sein de l'exécutif américain, on déclare que l'Australie a cherché à se doter de la technologie américaine.

Le chef de la Maison blanche s'adressera mardi à la tribune de l'Assemblée générale des Nations unies.

Selon ce responsable, Joe Biden insistera dans son discours sur l'ouverture par les Etats-Unis d'un nouveau chapitre de "diplomatie intensive" après le retrait américain d'Afghanistan à la fin août.

A New York, le président américain rencontrera le Premier ministre australien Scott Morrison avant de regagner Washington où il s'entretiendra avec le Premier ministre britannique Boris Johnson, dont le pays fait également partie de l'accord "AUKUS" annoncé la semaine dernière.

(Sabine Siebold, Philip Blenkinsop et Marine Strauss, avec la rédaction de Washington et Michelle Nichols à New York; version française Tangi Salaün et Jean-Stéphane Brosse)