Australie/Sous-marins : Paris a commencé à douter de l'exécution du contrat en juin

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Australie: la france a commence a avoir des doutes serieux sur le contrat a partir de juin[reuters.com]
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par Elizabeth Pineau

PARIS (Reuters) - C'est en juin que Paris a commencé à avoir des doutes concernant l'engagement des Australiens vis-à-vis du contrat de quelque 40 milliards de dollars portant sur une commande de 12 sous-marins français, dont la rupture a été annoncée par lettre à Emmanuel Macron quelques heures avant son officialisation, a-t-on appris lundi auprès de l'Elysée.

A partir de juin, "nous avions eu des échos des préoccupations australiennes quant à l'exécution du contrat. Nous nous sommes donc portés disponibles pour répondre à leurs inquiétudes et leur donner les assurances nécessaires", a rapporté l'Elysée. "Jamais nos interlocuteurs australiens n'ont saisi ces opportunités pour nous faire part de leur réflexion quant à une option alternative."

Le sujet a été évoqué à l'initiative de la France lors du sommet du G7 qui s'est tenu du 11 au 13 juin à Carbis Bay, dans les Cornouailles, où l'Australie avait été conviée.

"Les Etats-Unis ne nous en ont jamais parlé d'initiative et n'ont jamais répondu à nos questions", a précisé la présidence française.

Après le sommet du G7, le Premier ministre australien Scott Morrison a été reçu à l'Elysée le 15 juin, à l'initiative d'Emmanuel Macron.

Ce jour-là, le Premier ministre australien "ne lui a rien dit qui laissait présager cela et ils sont convenus de poursuivre le travail", a-t-on précisé de même source. "Le Président a écrit longuement à Morrison pour répondre à ses préoccupations. La réponse de Morrison a été purement dilatoire."

L'Australie a annulé la semaine dernière un accord conclu en 2016 avec le groupe français Naval Group pour la construction d'une flotte de sous-marins conventionnels, annonçant dans le même temps une commande d'au moins huit sous-marins à propulsion nucléaire avec les technologies américaine et britannique dans le cadre d'un partenariat de sécurité trilatéral.

Selon le récit de l'Elysée, la rupture a été annoncée par lettre à Emmanuel Macron, quelques heures seulement avant la conférence de presse du président américain Joe Biden et du Premier ministre britannique Boris Johnson annonçant le nouveau contrat.

Ce revers a sérieusement irrité Paris, qui a rappelé ses ambassadeurs à Washington et à Canberra. L'ambassadeur de France aux Etats-Unis a été reçu dimanche par Emmanuel Macron, a fait savoir l'Elysée.

Le nouvel accord stratégique a aussi provoqué la colère de la Chine, principale puissance montante dans la région Indo-Pacifique.

Les relations commerciales avec l'Australie se sont invitées à une réunion des ministres des Affaires étrangères des Etats membres de l'Union européenne prévue ce lundi soir, a fait savoir un porte-parole de la Commission européenne.

(Reportage Elizabeth Pineau, avec la contribution de Nicolas Delame, édité par Jean-Michel Bélot)