La CEDH juge la Russie coupable de l'assassinat de Litvinenko en 2006

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La cedh juge la russie coupable de l'assassinat de litvinenko en 2006[reuters.com]
(Crédits : Toby Melville)

par Guy Faulconbridge et Michael Holden

LONDRES (Reuters) - La Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a jugé mardi la Russie responsable de l'assassinat d'Alexandre Litvinenko, un ancien officier du KGB qui avait fait défection, décédé à Londres en 2006 au terme d'une longue agonie après avoir été empoisonné avec une substance radioactive.

Alexandre Litvinenko, qui ne ménageait pas ses critiques contre le Kremlin, avait succombé trois semaines après avoir bu un thé dans lequel avait été versé du polonium-210 dans un hôtel de la capitale britannique.

Le Royaume-Uni pointait depuis longtemps Moscou du doigt et une commission d'enquête avait conclu en 2016 que le président Vladimir Poutine avait probablement autorisé en personne l'opération des services secrets russes.

La CEDH, basée à Strasbourg, a donné raison à Londres sur le premier point en estimant que "l'assassinat de M. Litvinenko est imputable à la Russie".

Les images d'Alexandre Litvinenko agonisant sur son lit d'hôpital et le recours à une substance radioactive en plein Londres avaient provoqué une vive émotion et fortement détérioré les relations entre les pays occidentaux et le Kremlin, qui a toujours démenti toute implication.

Les deux principaux suspects - Andreï Lougovoï et Dmitri Kovtoune - ayant regagné la Russie, la justice britannique n'a jamais pu donner suite à cette affaire, ce qui a poussé la veuve d'Alexandre Litvinenko à saisir la CEDH en accusant la Russie d'avoir approuvé l'assassinat de son mari et de pas avoir enquêté sur sa mort.

La CEDH a conclu "au-delà de tout doute raisonnable" qu'Andreï Lougovoï, un ancien homme de main du KGB, et Dmitri Kovtoune ont bien mené cette "opération complexe" impliquant de se procurer un poison mortel rare et de quitter rapidement le pays après leur méfait.

La justice européenne a aussi retenu la culpabilité de Moscou, estimant que s'il s'était agi d'une opération non autorisée, les autorités russes auraient eu les moyens de le démontrer.

"Le gouvernement (russe) n'a pas cherché à fournir de telles informations ou à contredire les conclusions des autorités britanniques", souligne le jugement.

La CEDH a condamné la Russie à verser à Marina Litvinenko 100.000 euros de dommages et intérêts et à couvrir les coûts de la procédure judiciaire.

(Version française Tangi Salaün, édité par Jean-Stéphane Brosse)