Grance-Bretagne : La Banque d'Angleterre se rapproche un peu plus d'une hausse des taux

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Grande-bretagne: la banque d'angleterre maintient sa politique monetaire[reuters.com]
(Crédits : Leonhard Foeger)

par David Milliken et Andy Bruce

LONDRES (Reuters) - La Banque d'Angleterre (BoE) a déclaré jeudi que les arguments en faveur d'une hausse des taux d'intérêt "semblent s'être renforcés" après avoir conclu que l'inflation au Royaume-Uni pourrait dépasser 4% d'ici la fin de l'année, plus de deux fois son objectif.

La BoE estime certes que ce dépassement devrait être temporaire mais deux de ses dirigeants se sont prononcés pour un arrêt anticipé de son programme d'achats d'obligations en raison des pressions à la hausse sur les prix, censé rester en vigueur jusqu'à fin décembre.

Ces annonces ont donné un coup de fouet à la livre sterling, et le rendement des emprunts d'Etat britanniques à deux ans a enregistré sa plus forte hausse depuis mars 2020, intégrant l'hypothèse d'une hausse de taux plus précoce qu'anticipé jusqu'alors.

La probabilité estimée par le marché d'un relèvement du taux directeur d'ici fin février atteint désormais 90%, contre un peu plus de 60% avant la réunion de la banque centrale.

Si certains économistes jugent ce pronostic exagéré, les banques Citi et J.P. Morgan ont revu leurs estimations et tablent désormais sur un relèvement du taux directeur à 0,25% contre 0,1% dès le premier trimestre 2022.

"Le ton du compte rendu est plus 'faucon' qu'attendu et ouvre la voie à la fois à une hausse en février et à deux hausses l'an prochain", a dit Allan Monks, économiste de J.P. Morgan.

La BoE a réduit d'environ 1% sa prévision du produit intérieur brut (PIB) du Royaume-Uni au troisième trimestre pour prendre en compte les contraintes qui pèsent actuellement sur les chaînes d'approvisionnement.

Mais elle estime que l'inflation, qui a atteint en août son plus haut niveau depuis neuf ans à 3,2%, pourrait "temporairement" excéder 4% au quatrième trimestre.

Elle pourrait rester proche de ce niveau au premier semestre 2022, en raison notamment de l'envolée récente des prix du gaz naturel, explique-t-elle.

L'ENVOLÉE DU PRIX DU GAZ DOPE L'INFLATION

Le Comité de politique monétaire (MPC) de la banque centrale britannique a voté par sept voix contre deux le maintien de l'enveloppe de 895 milliards de livres sterling (1.048 milliards d'euros) allouée aux achats d'actifs sur les marchés financiers, un montant qu'il avait relevé de 150 milliards en novembre 2020.

Le gouverneur adjoint Dave Ramsden s'est joint à Michael Saunders pour appeler à un arrêt anticipé du programme d'achats d'obligations d'Etat.

Le maintien du taux directeur à 0,1% a quant à lui été voté à l'unanimité.

Dans une lettre au ministre des Finances, le gouverneur de la BoE, Andrew Bailey, justifie l'évolution du discours sur les taux par l'inflexion de la conjoncture depuis la précédente réunion du MPC, en août.

"Certaines évolutions pendant la période d'intervention semblent avoir renforcé ce scénario, même si des incertitudes considérables demeurent", écrit-il.

La Bourse de Londres est brièvement passée dans le rouge après ces annonces et évoluait tout près de l'équilibre à moins d'une heure de la clôture.

La livre sterling s'appréciait de plus de 0,8% face au dollar et de 0,4% face à l'euro au même moment et sur le marché obligataire, le rendement des emprunts d'Etat britanniques à dix ans affichait un bond de près de 10 points de base à 0,896%.

(Reportage David Milliken, version française Marc Angrand)