Les habitants de Berlin votent pour l'expropriation des grands promoteurs immobiliers

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Les habitants de berlin votent pour l'expropriation des grands promoteurs immobiliers[reuters.com]
(Crédits : Wolfgang Rattay)

par Riham Alkousaa et Matthias Inverardi

BERLIN (Reuters) - Les habitants de Berlin ont approuvé le principe d'une expropriation des grands promoteurs immobiliers comme Vonovia et Deutsche Wohnen pour contribuer à faire baisser les loyers des logements dans la capitale allemande, montrent lundi les résultats d'un référendum organisé la veille.

Environ 56% des électeurs berlinois se sont prononcés pour cette mesure, consistant à exproprier les groupes propriétaires de plus de 3.000 logements, et 39% contre lors de cette consultation organisée parallèlement aux élections municipales et fédérales.

Ce résultat n'est pas contraignant mais le mouvement à l'origine de ce référendum, qui espère ainsi voir la mairie récupérer environ 240.000 logements, a appelé les autorités municipales à préparer un texte traduisant la volonté exprimée par les habitants.

"Ignorer le référendum serait un scandale politique. Nous ne renoncerons pas tant que la socialisation des groupes immobiliers ne sera pas mise en oeuvre", a dit Kalle Kunkel, porte-parole de l'initiative, dans un communiqué.

La victoire des partisans de l'expropriation intervient alors que Vonovia, numéro un du marché immobilier en Allemagne, a annoncé ce lundi avoir franchi le seuil des 50% du capital nécessaire pour mettre la main sur son concurrent Deutsche Wohnen, ce qui va donner naissance à un mastodonte de 550.000 logements représentant plus de 80 milliards d'euros en valeur cumulée.

"Les expropriations ne résolvent pas les nombreux défis du marché immobilier à Berlin", a réagi Rolf Buch, le président du directoire de Vonovia, dans un communiqué, appelant à une plus grande coopération entre tous les acteurs pour parvenir à des solutions plus constructives.

Vonovia et Deutsche Wohnen ont annoncé ce mois-ci un projet de vente de près de 15.000 appartements à Berlin pour 2,46 milliards d'euros dans l'espoir de surmonter d'éventuelles réticences politiques à leur fusion.

Elue maire de Berlin dimanche, la sociale-démocrate Franziska Giffey, dont le parti dirigeait déjà la ville, a répété lundi son opposition au principe des expropriations tout en jugeant que le résultat du référendum devait être respecté.

"Je suis toujours de l'avis que les expropriations ne servent pas à créer ne serait-ce que le moindre logement ni à résoudre la grande question du logement abordable", a-t-elle dit à la chaîne de télévision ARD.

Franziska Giffey, première femme à être élue maire de Berlin, a néanmoins proposé la rédaction d'un texte qui sera soumis à un examen juridique. "Un tel projet doit ensuite être vérifié et s'il n'est pas constitutionnel, alors nous ne pouvons pas le faire", a-t-elle dit.

(Avec Sabine Wollrab et Klaus Lauer, version française Bertrand Boucey, édité par Blandine Hénault)