Hongrie : Orban accuse Bruxelles et Washington de chercher à s'immiscer dans les élections

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Hongrie: orban accuse bruxelles et washington de chercher a s'immiscer dans les elections[reuters.com]
(Crédits : Marton Monus)

par Krisztina Than

BUDAPEST (Reuters) - Viktor Orban, confronté à la perspective d'élections serrées l'an prochain, a accusé samedi Bruxelles et Washington de tenter d'interférer dans la vie politique en Hongrie et il a appelé ses partisans à défendre les réalisations de ses plus de 10 années de pouvoir nationaliste.

Pour la première fois depuis son accession à la tête du gouvernement en 2010, Viktor Orban, âgé de 58 ans, affrontera lors des élections législatives de 2022 un front uni de l'opposition composé des socialistes, des libéraux et de l'ancien parti d'extrême droite Jobbik, qui se positionne désormais au centre droit.

Cette alliance est dirigée par Peter Marki-Zay, un conservateur catholique de 49 ans, père de sept enfants et maire d'une petite ville, qui dit adhérer aux mêmes valeurs traditionalistes que le chef du gouvernement et représente un sérieux rival.

Devant plusieurs dizaines de milliers de ses partisans réunis dans le centre de Budapest à l'occasion de l'anniversaire du soulèvement de 1956 contre la tutelle de l'Union soviétique, Viktor Orban a affirmé que les Etats-Unis et l'homme d'affaires George Soros s'efforçaient de faire élire leurs représentants dans le pays, soit l'opposition de gauche, avec leur argent, leurs médias et leurs réseaux.

"Mais ce qui compte, ce n'est pas ce que eux à Bruxelles, à Washington et dans les médias dirigés de l'étranger, veulent. Ce sera aux Hongrois de décider de leur propre destin", a dit le Premier ministre.

"Notre force est dans notre unité (...) nous croyons dans les mêmes valeurs: la famille, la nation et une Hongrie forte et indépendante."

UN RÉGIME "MORALEMENT INDÉFENDABLE"

Lors d'un rassemblement de l'opposition, Peter Marki-Zay a pour sa part promis que, en cas de victoire, son gouvernement rédigerait une nouvelle Constitution, lutterait contre la corruption, adopterait l'euro comme monnaie et garantirait la liberté de la presse.

"Ce régime est devenu moralement indéfendable (...) la dynamique que nous avons aujourd'hui devrait nous porter jusqu'en avril 2022", a-t-il lancé.

Les sondages d'opinion montrent que le Fidesz de Viktor Orban et l'alliance d'opposition sont au coude à coude dans les intentions de vote, avec un quart des électeurs indécis.

La campagne pré-électorale a déjà été bien lancée par Viktor Orban et le Fidesz, le Premier ministre multipliant les aides financières pour les familles et durcissant sa rhétorique contre l'immigration.

Tout en assurant que l'intérêt de la Hongrie est de rester au sein de l'Union européenne, Viktor Orban, tout comme ses alliés au pouvoir en Pologne, a multiplié les passes d'armes avec Bruxelles au sujet du respect de l'Etat de droit, de la liberté de la presse, de l'indépendance de la justice et des droits des personnes LGBT.

"Bruxelles nous parle et nous menace, avec les Polonais, comme si nous étions un ennemi (...) et bien il est temps pour eux à Bruxelles de comprendre que même les communistes n'ont pas pu nous vaincre", a dit Viktor Orban à une foule en liesse, agitant des drapeaux hongrois et brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire des slogans tels que "Bruxelles égal dictature".

(Reportage Krisztina Than; version française Jean-Stéphane Brosse et Bertrand Boucey)