L'UE incapable de s'entendre face à la flambée des prix de l'énergie

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Divisions a l'ue avant une reunion de crise face a la flambee des prix de l'energie[reuters.com]
(Crédits : Pawel Kopczynski)

par Kate Abnett

BRUXELLES (Reuters) - Les Vingt-Sept ne sont pas parvenus à s'accorder sur la moindre nouvelle mesure commune face à la flambée des prix de l'énergie lors d'une réunion exceptionnelle des ministres concernés ce mardi à Luxembourg, a annoncé la commissaire européenne à l'Energie, Kadri Simson.

Les divisions restent vives entre partisans et opposants d'une refonte de la réglementation.

Les pics atteints cette automne par les prix du gaz en Europe ont poussé la plupart des pays du bloc communautaire à prendre des mesures d'urgence, comme l'instauration d'un plafond sur les prix et des aides aux ménages pour payer leurs factures énergétiques.

En France, le gouvernement a ainsi annoncé jeudi une "indemnité inflation" de 100 euros pour les Français gagnant moins de 2.000 euros net par mois, ainsi que le gel pour toute l'année 2022 des tarifs réglementés du gaz et de l'électricité.

Au niveau communautaire, toutefois, les pays de l'UE peinent à convenir d'un plan à long terme pour faire face à d'éventuelles nouvelles flambées des prix de l'énergie.

Pour plusieurs pays comme l'Espagne, la France, la République tchèque et la Grèce, une refonte plus vaste du fonctionnement des marchés énergétiques européens est nécessaire.

"Il n'y a pas eu de position commune sur l'opportunité d'adopter ou non des mesures d'intervention au niveau de l'UE et de les mettre en oeuvre dans tous les pays membres", a résumé le ministre slovène des Infrastructures Jernej Vrtovec, dont le pays exerce actuellement la présidence de l'UE.

L'ESPAGNE PRÉCONISE DES ACHATS DE GAZ EN COMMUN

Lors de la réunion, l'Espagne a notamment plaidé pour des achats de gaz en commun et préconisé que chaque pays membre puisse être exempté s'il le souhaite du système actuel de fixation des prix de l'électricité.

Mais ces propositions se sont heurtées à la résistance d'autres pays membres, qui refusent une refonte structurelle du marché européen de l'électricité face à une flambée des prix qu'ils jugent conjoncturelle.

Neuf pays dont l'Allemagne se sont prononcés dès lundi contre toute réforme, estimant dans un communiqué que cela ne constituerait "pas un remède pour atténuer la hausse actuelle des prix de l'énergie liée au marché des énergies fossiles".

De son côté, la Commission européenne analyse la conception du marché européen de l'électricité et rassemble des éléments concernant le comportement de certains fournisseurs de gaz, alors que des pays européens accusent le géant gazier russe Gazprom de manipuler le marché afin de pousser les prix à la hausse.

L'exécutif européen va également examiner les avantages et les inconvénients d'achats de gaz en commun. "Il y a de nombreuses questions à prendre en compte : qui paiera pour les coûts d'acquisition et de stockage, comment le gaz sera transporté à partir de différentes régions", a déclaré la commissaire européenne Kadri Simson.

A l'approche de la COP26, à Glasgow en Ecosse, la question des prix énergétiques a aussi alimenté les tensions entre les pays du bloc à l'égard des politiques "vertes" de l'UE, alors que doivent être discutées de nouvelles propositions, dont une hausse des taxes sur les énergies polluantes.

(Reportage Kate Abnett, Marine Strauss, Jan Strupczewski et Isla Binnie; version française Jean Terzian, Myriam Rivet et Jean-Stéphane Brosse, édité par Jean-Michel Bélot)