Sur l'île grecque de Lesbos, le pape dénonce l'exploitation politique de la crise migratoire

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Le pape visite un camp de migrants sur l'ile grecque de lesbos[reuters.com]
(Crédits : Guglielmo Mangiapane)

par Philip Pullella et Lefteris Papadimas

LESBOS, Grèce (Reuters) - Le pape François a dénoncé dimanche lors d'un déplacement sur l'île grecque de Lesbos, point d'entrée pour l'Europe de nombreux exilés, l'exploitation de la crise migratoire à des fins politiques.

Cette visite sur l'île égéenne, située à quelques encablures de la Turquie, est la deuxième du souverain pontife après elle de 2016 quand il avait ramené avec lui une douzaine de réfugiés syriens.

Il s'est rendu dimanche sur le cap de Mytilène qui abrite environ 2.300 personnes et où il a déploré une situation qui a "peu évolué" en cinq ans.

La mer Méditerranée, théâtre de la mort de milliers de candidats à l'exil, demeure un "sinistre cimetière sans tombe", a dit François.

"Je suis là pour voir vos visages, pour vous regarder dans les yeux. Des yeux remplis de peur et d'attente, des yeux qui ont vu la violence et la pauvreté, des yeux embués par trop de larmes.", a dit le Saint-Père à l'entrée du camp de réfugiés.

"Il est facile de mener l'opinion publique en diffusant la peur de l'autre", a-t-il lancé avant de demander : "pourquoi, au contraire, ne pas parler avec la même vigueur de l'exploitation des pauvres, des guerres oubliées et souvent largement financées, des accords économiques conclus aux dépens des populations, des manoeuvres secrètes pour le trafic et le commerce des armes en provoquant leur prolifération."

A son entrée dans le camp de Mytilène, un ancien champ de tir de l'armée grecque, le pape a salué et serré les mains de dizaines de migrants réunis autour de lui.

Assis dans une grande tente, dos à la mer, le pape a écouté le témoignage de Christian Tango Mukaya, un réfugié d'une trentaine d'années originaire de la République démocratique du Congo et qui vit sur le camp avec deux de ses enfants depuis un an.

Entouré par des murs de béton, par des fils barbelés et par la mer, Mytilène a remplacé le camp de Moria, incendié l'année dernière.

S'écartant du discours qu'il avait préparé, le pape François a déploré les propos de certains dirigeants européens qui veulent piocher dans les fonds communs pour construire un mur hérissé de fils barbelés pour éloigner les migrants, en écho au déclarations du Premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki.

Confronté à une crise migratoire à sa frontière orientale, orchestrée par le régime biélorusse selon les dirigeants européennes, Mateusz Morawiecki a demandé à l'Europe de contribuer financièrement à la construction d'un mur à la frontière biélorusse.

Le déplacement du pape François sur l'île de Lesbos intervenait à l'avant-dernier jours de son voyage apostolique à Chypre et en Grèce. et

(Avec Karolina Tagaris; version française Nicolas Delame)