La Suède quittera cette année la force Takuba au Sahel

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(Crédits : Stephane Mahe)

par Ardee Napolitano et John Irish

BREST, Finistère (Reuters) - Les militaires suédois quitteront cette année la force Takuba qui regroupe des forces spéciales européennes au Sahel à l'initiative de la France, a annoncé vendredi la ministre suédoise des Affaires étrangères.

"Nous avons d'ores et déjà décidé que nous quitterons cette année la force Takuba", a déclaré Ann Linde à la presse en marge de la réunion à Brest (Finistère) des ministres européens des Affaires étrangères.

"La question qui se pose est celle de savoir ce que nous allons faire avec la Minusma" (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali), a-t-elle ajouté.

Le Parlement suédois avait approuvé en 2020 le déploiement de 150 membres des forces spéciales dans le cadre de l'opération Takuba et de 250 soldats supplémentaires au sein de la Minusma.

Takuba, qui rassemble à l'heure actuelle 14 pays, a vocation à prendre le relais de l'opération Barkhane au Sahel, dont le président français Emmanuel Macron a annoncé l'an dernier le désengagement progressif pour laisser la place à une coalition internationale.

Mais le rapprochement entre la junte qui a pris le pouvoir au Mali après deux coups d'Etat en 2020 et 2021 et la Russie, et davantage encore le déploiement de mercenaires russes du groupe Wagner, ont changé la donne et questionnent la participation des pays occidentaux aux tentatives de stabilisation du pays.

De source militaire française, on souligne que la Suède avait prévu de retirer ses soldats de Takuba en mars, au terme d'un cycle de deux ans, tout en laissant des officiers au sein de la nouvelle force.

Mais on reconnaît à Paris que la volonté de la junte malienne de se maintenir quatre ou cinq ans de plus au pouvoir sans organiser d'élections et l'arrivée de Wagner interroge certains alliés de la France sur la poursuite de leur engagement opérationnel.

"Nous savons désormais qu'il y a le groupe Wagner... et s'il gagne en influence, nous ne pourrons pas continuer à déployer un nombre important de soldats", a constaté Ann Linde. "Cela aura évidemment des conséquences."

Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a annoncé jeudi que l'Union européenne s'apprêtait à imposer des sanctions au Mali pour accentuer la pression exercée sur la junte par la Cédéao (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest), dont les pays ont imposé dimanche un embargo à leur voisin et rompu leurs relations diplomatiques.

(Reportage Ardee Napolitano à Brest et John Irish à Paris, version française Nicolas Delame et Tangi Salaün)