L'Ukraine dénonce un bombardement russe meurtrier sur un centre commercial

reuters.com  |   |  632  mots
Russia's attack on ukraine continues, in kremenchuk[reuters.com]
(Crédits : State Emergency Service Of Ukrai)

par Simon Lewis

KREMENTCHOUK, Ukraine (Reuters) - Deux missiles russes se sont abattus lundi sur un centre commercial bondé à Krementchouk, dans le centre de l'Ukraine, tuant au moins 13 personnes et en blessant 50 autres, a déclaré le gouverneur régional.

Ce bombardement a déclenché un important incendie envoyant des colonnes de fumée noire dans le ciel, montrent des images diffusées par le président ukrainien Volodimir Zelensky.

Un photographe de Reuters a dit avoir vu un centre commercial à la structure calcinée, avec le toit effondré. Des pompiers et des militaires s'efforçaient de retirer des pièces métalliques tordues dans l'espoir de pouvoir extraire des survivants.

"Nous ne savons pas combien de personnes sont susceptibles de se trouver encore dans les décombres", a déclaré à la télévision ukrainienne le chef des services de secours régionaux.

Volodimir Zelensky a affirmé que plus d'un millier de personnes se trouvaient dans le centre commercial au moment de l'attaque. "Il est impossible ne serait-ce que d'imaginer le nombre de victimes", a-t-il dit, sans fournir de bilan précis.

Dmitro Lounine, le gouverneur de la région de Poltava, qui a fait état de 13 morts confirmés, a jugé prématuré d'avancer un bilan définitif, les secours poursuivant leurs recherches dans les ruines du supermarché.

Sur Telegram, il a fait état de 21 personnes hospitalisées et de 29 autres soignées sans avoir à être prises en charge dans un hôpital.

Il a affirmé qu'aucune cible militaire susceptible d'être visée par l'armée russe ne se trouvait à proximité de ce centre commercial. "C'est un acte de terrorisme contre des civils", a-t-il ajouté.

"Il est inutile d'espérer la moindre morale ou humanité de la part de la Russie", a dit Volodimir Zelensky.

LA RUSSIE PARLE DE "PROVOCATION UKRAINIENNE"

Krementchouk, ville industrielle de 217.000 habitants avant l'invasion russe de l'Ukraine le 24 février, se trouve sur le fleuve Dniepr dans la région de Poltava et elle abrite la plus importante raffinerie de pétrole d'Ukraine.

D'après le commandement de l'armée de l'air ukrainienne, le centre commercial a été frappé par deux missiles de longue portée X-22 tirés par des bombardiers Tu-22M3 ayant décollé de l'aérodrome de Chaïkovka dans la région russe de Kalouga.

La Russie dément prendre les civils pour cible dans le cadre de son "opération militaire spéciale" en Ukraine.

Son ambassadeur adjoint aux Nations unies Dmitri Polianski a affirmé sur Twitter, sans fournir de preuves, que ce bombardement était une "provocation ukrainienne".

"Exactement ce dont le régime de Kyiv a besoin pour maintenir l'attention sur l'Ukraine avant (le) sommet de l'Otan", a-t-il écrit, en référence au sommet de l'Alliance atlantique qui doit s'ouvrir mardi à Madrid.

Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a déclaré lundi que ce sommet devrait déboucher sur l'octroi d'une nouvelle aide à l'Ukraine dans des domaines "tels que les communications sécurisées, des systèmes antidrones et du carburant".

"Il nous faut plus d'armes pour défendre notre peuple, il nous faut des défenses antimissiles", a pour sa part déclaré Andriy Yermak, chef des services présidentiels ukrainiens.

Vadim Denissenko, conseiller au ministère ukrainien de l'Intérieur, a déclaré que la Russie pourrait avoir eu trois objectifs en bombardant ce centre commercial.

"Le premier, sans aucun doute, est de semer la panique, le deuxième est de (...) détruire nos infrastructures et le troisième est (...) d'accroître la pression pour contraindre l'Occident civilisé à s'asseoir à nouveau à la table des discussions", a-t-il dit.

(Reportage Simon Lewis, avec Pavel Polityuk et Max Hunder, rédigé par Tom Balmforth et Max Hunder, version française Sophie Louet et Bertrand Boucey)