Le niveau de la Loire au plus bas sous l'effet de la sécheresse

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Le niveau de la loire au plus bas sous l'effet de la secheresse[reuters.com]
(Crédits : Stephane Mahe)

par Stephane Mahe

LOIREAUXENCE (Reuters) - La Loire est un fleuve peu profond dans le meilleur des cas mais cette année la sécheresse a réduit son débit d'eau comme rarement auparavant.

Les bancs de sable de la vallée de la Loire s'étendent désormais à perte de vue tandis qu'en de nombreux endroits le plus long fleuve de France se traverse quasiment à pied.

"L'étiage 2022 est assez exceptionnel car nous avons un déficit pluviométrique très important qui a commencé l'hiver dernier et qui met beaucoup de cours d'eau, notamment les petits, dans une situation où il n'y a plus d'écoulement observable (...) Cela touche l'ensemble du territoire, ce qui est relativement inédit", a déclaré Eric Sauquet, directeur de recherche en hydrologie à l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (Inrae).

L'impact du faible niveau de l'eau sur la concentration en oxygène, la température des cours d'eau et par conséquent sur la faune aquatique est par ailleurs très inquiétant.

"Les poissons ont besoin d'eau pour vivre, trouver des refuges - frais pour certaines espèces - se déplacer. Des étiages particulièrement sévères restreignent leur environnement de vie et parfois ils se retrouvent piégés dans des flaques", a déclaré Eric Sauquet.

Le débit du fleuve est d'environ 40 mètres cubes par seconde - soit moins d'un vingtième de la moyenne annuelle - mais seulement grâce au soutien des barrages de Naussac (Lozère) et de Villerest (Loire), construits au début des années 1980 en partie pour garantir l'approvisionnement en eau de refroidissement des quatre centrales nucléaires bordant la Loire.

UN CHANGEMENT CLIMATIQUE "INDÉNIABLE"

Les centrales de Belleville-sur-Loire, Chinon, Dampierre-en-Burly et Saint-Laurent ont une capacité combinée de 11,6 gigawatts, ce qui représente près d'un cinquième de la production d'électricité française.

Avec plusieurs centrales d'EDF à l'arrêt pour des problèmes techniques et d'autres dont la puissance est affectée par la baisse du débit des fleuves, la fermeture d'une ou plusieurs centrales de la Loire pourrait faire grimper les prix de l'électricité dans toute l'Europe.

Les touristes et les locaux s'émerveillent et s'inquiètent à la fois à la vue des immenses bancs de sable mis à nu.

"Même en 1976, l'eau n'a jamais été aussi basse que cela", a déclaré Brigitte Gabory Defois, une riveraine.

Quelques jours après les grands incendies qui ont frappé la France, alimentés par une sécheresse exceptionnelle, des pluies diluviennes se sont abattues sur certaines régions de l'Hexagone. Plusieurs départements sont placés ce mercredi en vigilance orange aux orages par Météo-France.

"Le changement climatique est en cours, c'est indéniable (...) il y aura forcement à réfléchir au partage de la ressource en eau (...) aux pratiques agricoles pour essayer d'être moins vulnérables aux aléas climatiques", a ajouté Eric Sauquet.

(Reportage Stephane Mahe, avec Manuel Ausloos et Forrest Crellin, rédigé par Geert De Clercq, version française Laetitia Volga, édité par Jean-Michel Bélot)