Affaire McKinsey : L'Elysée souligne l'indépendance de la justice

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Photo d'archives du logo du cabinet de conseil mckinsey a viva tech, a paris[reuters.com]
(Crédits : Charles Platiau)

PARIS (Reuters) - Le parquet national financier a confirmé jeudi l'ouverture de deux informations judiciaires en octobre pour "tenue non conforme des comptes de campagne" et "favoritisme et recel de favoritisme" sur les deux campagnes électorales victorieuses d'Emmanuel Macron en 2017 et 2022, dans le cadre de la procédure dite "McKinsey".

Après s'être refusée dans un premier temps à tout commentaire, la présidence de la République a estimé en fin de journée dans un communiqué qu'il appartenait à la justice de conduire ces investigations "en toute indépendance".

"L'Elysée a pris connaissance de la communication du Parquet national financier concernant l'ouverture de deux informations judiciaires à la suite notamment de plaintes d'élus et d'associations", peut-on lire dans le communiqué.

"Il appartient à la justice de conduire ces investigations en toute indépendance", ajoute-t-il.

Les décisions du PNF, révélées par Le Parisien, font suite à l'enquête préliminaire ouverte le 31 mars dernier par le parquet du chef de "blanchiment aggravé de fraude fiscale aggravée" contre McKinsey, sur la base du rapport de la commission d'enquête du Sénat relative à l'influence des cabinets de conseil privés sur les politiques publiques.

En ligne de mire, le cabinet de conseil américain McKinsey, dont le rapport montre qu'il est intervenu dans la plupart des grandes réformes du premier quinquennat d'Emmanuel Macron (2017-2022) et jouait un rôle prépondérant auprès de son entourage.

SIGNALEMENTS ET PLAINTES

La commission d'enquête reprochait en outre à McKinsey de ne pas payer d'impôt sur les sociétés en France depuis au moins 10 ans, via apparemment une pratique d'optimisation fiscale dite de "prix de transfert".

Les sénateurs relevaient que le recours aux consultants était une réalité avant le mandat d'Emmanuel Macron, notamment sous Nicolas Sarkozy, mais que la place de ces cabinets privés dans la décision publique avait notablement gagné en importance depuis 2017.

Les juges ont élargi leurs investigations en octobre à la suite de "plusieurs signalements et plaintes d'élus et de particuliers", précise jeudi le PNF dans son communiqué.

Ainsi le 20 octobre dernier, une information judiciaire a été ouverte pour "tenue non conforme de comptes de campagne et minoration d'éléments comptables dans un compte de campagne, portant sur les conditions d'intervention de cabinets de conseils dans les campagnes électorales de 2017 et 2022".

Le 21 octobre, c'est une information pour "favoritisme et recel de favoritisme" qui a suivi.

Interrogé par France 3 en mars dernier, pendant la campagne présidentielle, sur le favoritisme dont McKinsey aurait bénéficié, Emmanuel Macron avait déclaré : "On a l'impression qu'il y a des combines, c'est faux".

"Aucun contrat n'est passé dans la République sans qu'il respecte la règle des marchés publics", avait-il dit. "Que quiconque a la preuve qu'il y a manipulation mette le contrat en cause au pénal".

(Rédigé par Sophie Louet, avec Tangi Salaün, Elizabeth Pineau et Bertrand Boucey, édité par Blandine Hénault et Kate Entringer)