Colonna à Odessa pour évaluer les besoins de l'Ukraine

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La ministre francaise des affaires etrangeres catherine colonna, lors d'une reunion a bruxelles, en belgique[reuters.com]
(Crédits : Johanna Geron)

par Iryna Nazarchenko

ODESSA, Ukraine (Reuters) - La ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, est arrivée jeudi à Odessa, grand port ukrainien sur la mer Noire, pour "marquer le soutien de la France à la souveraineté de l'Ukraine" et discuter de ses besoins pour les mois à venir face à l'invasion russe.

Plusieurs infrastructures énergétiques d'Odessa, dont le centre historique a été inscrit mercredi sur la liste du patrimoine mondial en péril de l'Unesco, ont été endommagées jeudi matin quelques heures avant sa venue par des tirs des missiles russes et la cheffe de la diplomatie française a prévu de se rendre sur l'un des sites pris pour cible.

Les Occidentaux continuent de redouter que la Russie, près d'un an après le déclenchement de son opération d'invasion de l'Ukraine le 24 février 2022, puisse lancer une attaque sur la ville portuaire du sud du pays afin de priver l'Ukraine d'une voie maritime vitale pour ses exportations céréalières.

Si l'objectif de la Russie est vraiment de priver l'Ukraine de tout accès à la mer, il faudra qu'elle aille un jour jusqu'à Odessa, sachant qu'Odessa est en outre une porte d'entrée pour déstabiliser encore davantage la Moldavie, la Roumanie et le territoire européen dans son ensemble, a déclaré à Reuters une source diplomatique française avant la visite.

"L'idée est de montrer qu'Odessa est non seulement une ville ukrainienne mais aussi une ville inscrite au patrimoine mondial", a-t-elle ajouté.

Dans le cadre de sa visite, Catherine Colonna devait rencontrer son homologue ukrainien, Dmitro Kouleba, au sujet de l'aide humanitaire et militaire à l'Ukraine.

La discussion portera sans doute notamment sur la question de savoir si la France est prête à envoyer des chars Leclerc à Kyiv après la décision des Allemands et des Américains d'envoyer des chars lourds à l'Ukraine.

LES CHARS LECLERC, UNE DIFFÉRENCE SUR LE TERRAIN ?

La France a jusqu'ici annoncé, le 4 janvier dernier, l'envoi de véhicules de combat blindés AMX-10 à l'Ukraine. "Pour ce qui est des Leclerc, (...) rien n'est exclu et cela s'apprécie (...) collectivement et au regard de trois critères", a déclaré dimanche Emmanuel Macron, en jugeant qu'il fallait "que ce ne soit pas excalatoire" vis-à-vis de la Russie, "que cela puisse apporter un soutien réel et efficace à nos amis ukrainiens" et que cela n'affaiblisse pas les "capacités propres de défense" de la France.

Paris, qui promet de donner une réponse rapidement à ce sujet, souligne que contrairement aux chars allemands Leopard, omniprésents sur le continent européen, avec quelque 2.000 exemplaires disponibles, il n'existe qu'environ 200 chars Leclerc, qui ne sont plus produits aujourd'hui. L'utilisation d'un faible nombre d'entre eux en Ukraine pourrait plutôt poser des problèmes de maintenance qu'autre chose.

"Je ne dis pas qu'on ne va pas le faire (...) mais je ne pense pas que ca ferait une différence sur le terrain", a observé la source diplomatique.

Kyiv a clairement souhaité obtenir auprès de la France des systèmes de défense aérienne, des systèmes de radar et des munitions, a ajouté cette source, soulignant qu'il fallait désormais aller vite dans les livraisons.

"On ne peut pas continuer à empiler les annonces", a-t-elle relevé.

(Rédigé par John Irish, version française Jean-Stéphane Brosse)