Israël renforce son armée en Cisjordanie après l'attaque d'une synagogue

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Les lieux d'un incident suspecte d'etre une fusillade, selon un porte-parole de la police, a l'exterieur de la vieille ville de jerusalem[reuters.com]
(Crédits : Ammar Awad)

par Maayan Lubell

JERUSALEM (Reuters) - L'armée israélienne a annoncé qu'elle renforçait sa présence en Cisjordanie occupée après qu'un tireur palestinien a abattu la veille sept personnes près d'une synagogue dans la périphérie de Jérusalem et qu'une autre fusillade dans la ville a fait deux blessés samedi.

Ces attaques surviennent à la suite d'un raid israélien qui a tué jeudi neuf Palestiniens, dont sept hommes armés, et sur fond de tirs transfrontaliers entre Israël et Gaza qui renforcent les craintes d'une escalade dans la violence.

Il s'agit de la première confrontation majeure depuis que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a pris ses fonctions le mois dernier à la tête d'un gouvernement qui comprend des partis nationalistes appelant à des actions fortes contre les Palestiniens. Le nouveau cabinet du Premier ministre devait se réunir dans le courant de la journée de samedi.

L'attaque de vendredi devant une synagogue a été la plus meurtrière que la ville ait subi depuis 2008. Le tireur, Khairi Alqam, était un Palestinien de 21 ans résidant à Jérusalem-Est, selon la police. Il a frappé dans une zone qu'Israël a annexée à Jérusalem après la guerre de 1967.

La police a déclaré que l'assaillant avait tenté de s'enfuir en voiture mais qu'il avait été poursuivi par des policiers et abattu. Quarante-deux suspects, dont des membres de la famille du tireur, ont été interpellés.

Samedi, la police a déclaré qu'un garçon de 13 ans de Jérusalem-Est avait ouvert le feu et blessé deux personnes avant d'être lui-même blessé par balles par des passants.

Cet incident s'est produit autour de Silwan, un quartier palestinien de Jérusalem-Est qui se trouve sous les murs de la Vieille Ville et où les colons israéliens ont intensifié leur présence au cours des dernières années.

"A la suite d'une évaluation de la situation par les FDI (Forces de défense israéliennes), il a été décidé de renforcer la division de Judée et Samarie (Cisjordanie) avec un bataillon supplémentaire", a indiqué l'armée.

Benjamin Netanyahu a exhorté la population à ne pas se faire justice elle-même, ajoutant que des mesures avaient été décidées.

RISQUE DE NOUVELLE ESCALADE

Le ministre de la sécurité nationale d'extrême droite, Itamar Ben-Gvir, s'est rendu sur le site de l'attaque, où il a été accueilli par un mélange d'acclamations et de colère. "Le gouvernement doit réagir, si Dieu le veut, c'est ce qui va se passer", a-t-il déclaré à la foule qui l'attendait.

La fusillade de vendredi a eu lieu le jour de la Journée internationale de commémoration de l'Holocauste et du sabbat juif. Elle a été condamnée par la Maison Blanche et par le secrétaire général de l'Onu, Antonio Guterres, qui s'est dit préoccupé par l'escalade actuelle de la violence et a appelé à la "plus grande retenue".

Cet incident est survenu quelques jours avant une visite prévue du secrétaire d'État américain Antony Blinken en Israël et en Cisjordanie.

La Jordanie et l'Égypte, pays arabes qui ont signé des traités de paix avec Israël, ont condamné l'attaque, tout comme les Émirats arabes unis, l'un des nombreux États arabes qui ont normalisé leurs relations avec Israël il y a un peu plus de deux ans.

Le Hezbollah, groupe libanais soutenu par l'Iran, a fait l'éloge de l'attaque et un porte-parole du groupe islamiste palestinien Hamas l'a saluée comme "une réponse au crime commis par l'occupation à Jénine et une réponse naturelle aux le titre criminelles de l'occupation".

Le Jihad islamique, autre groupe militant, a également salué l'attaque sans en revendiquer la responsabilité.

Illustrant le risque d'une nouvelle escalade, trois Palestiniens ont été transportés à l'hôpital après avoir été abattus par un colon israélien lors d'un incident près de la ville de Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie, a déclaré vendredi le ministère palestinien de la santé.

TIRS DE ROQUETTES

La police a déclaré que le tireur de Jérusalem de vendredi était arrivé à 20h15 et avait ouvert le feu avec une arme de poing, touchant un certain nombre de personnes avant d'être tué par la police. "Nous sommes arrivés sur les lieux extrêmement rapidement et c'était horrible. Des blessés gisaient dans la rue", a déclaré Shimon Alfasi, du service d'ambulances israélien.

Plus tôt dans la journée, des militants de Gaza avaient tiré des roquettes sur Israël, sans faire de victimes mais en attirant l'attention des avions israéliens qui ont frappé des cibles dans la bande côtière sous blocus contrôlée par le Hamas.

La violence s'est intensifiée en Cisjordanie après une série d'attaques meurtrières en Israël l'année dernière. La dernière vague a commencé sous le gouvernement de coalition précédent et s'est poursuivie sous l'administration de droite de Netanyahu, qui comprend des partis voulant étendre les colonies en Cisjordanie.

Avant la fusillade de vendredi, au moins 30 Palestiniens avaient été tués cette année et l'Autorité palestinienne, qui dispose de pouvoirs limités en Cisjordanie, a déclaré qu'elle suspendait un accord de coopération en matière de sécurité avec Israël.

(Reportage supplémentaire d'Eli Berlzon à Jérusalem et de Nidal al-Mughrabi à Gaza, version française Benjamin Mallet)