L'UE teste la résistance des banques face à une inflation et des taux durablement élevés

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File photo: european flags are seen in front of the ecb building, in frankfurt[reuters.com]
(Crédits : Wolfgang Rattay)

par Huw Jones

LONDRES (Reuters) - L'Autorité bancaire européenne (ABE) a lancé mardi un test de résistance pour vérifier la solidité des banques commerciales du bloc communautaire face à une inflation prolongée et des taux d'intérêt élevés pendant longtemps, à deux jours de la réunion de politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) qui devrait se solder par une nouvelle hausse du coût du crédit.

Ce test, réalisé tous les deux ans, doit prendre en compte l'évolution de l'environnement macroéconomique depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie, qui a contribué à accélérer la hausse des prix en Europe à des sommets sans précédent depuis des décennies, tandis que les taux d'intérêt ont été relevés à un rythme soutenu pour juguler l'inflation.

Le précédent test, en 2021, s'inscrivait dans un contexte de taux d'intérêt "bas pour une longue durée".

Le nouveau test, le plus vaste à ce jour, se base sur une interruption par la Russie de ses derniers approvisionnements en gaz à l'Union européenne, ce qui ferait bondir les prix de l'énergie et pousserait l'inflation dans le bloc à 9,7%, contre un pic à 10,6% en octobre dernier.

Les tests de résistance sont devenus une pratique courante à laquelle les banques doivent se soumettre depuis leur renflouement à la suite de la crise financière mondiale de 2008.

Selon l'ABE, le nouveau test, élaboré avec l'aide de la BCE, couvre 70 banques de l'Union, soit 20 de plus qu'en 2021, représentant 75% du total des actifs bancaires du bloc.

"Le test imagine un scénario défavorable lié à une hypothétique importante aggravation des tensions géopolitiques, accompagnée d'une hausse des prix des matières premières et d'une résurgence de l'épidémie de COVID-19", écrit l'ABE dans un communiqué.

Cela se traduirait par une baisse de 6% du PIB, une flambée du chômage, une chute des prix de l'immobilier, des coupures d'approvisionnement en gaz, ainsi qu'une inflation et des taux d'intérêt élevés persistants sur une période de trois ans, jusqu'en 2025.

Les résultats par banque, qui ne feront pas mention d'une réussite ou d'un échec à ce test, seront publiés à la fin du mois de juillet.

Ce test contraste avec les perspectives actuelles de la BCE, qui prévoit une baisse de l'inflation à 6,3% cette année et à 3,4% l'an prochain. La BCE prévoit également une accélération de la croissance économique, qui passerait de 0,5% cette année à 1,9% en 2023.

(Reportage Huw Jones, avec Balazs Koranyi à Francfort; version française Claude Chendjou, édité par Blandine Hénault)