La Russie dit avoir mis fin à une incursion venue d'Ukraine

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Un vehicule blinde abandonne, apres la levee des mesures antiterroristes introduites en raison d'une incursion dans la region de belgorod[reuters.com]
(Crédits : Governor Of Belgorod Region)

par Pavel Polityuk

(Reuters) - La Russie a affirmé mardi avoir mis en déroute et tué des dizaines de "nationalistes ukrainiens" dans la région de Belgorod après deux jours de combats, l'une des plus importantes incursions en territoire russe en quinze mois de guerre en Ukraine.

L'arrêt des affrontements n'a pas pu être confirmé de source indépendante mais le gouverneur de la région, Viatcheslav Gladkov, a annoncé la levée des mesures antiterroristes qu'il avait instaurées la veille et le Corps des volontaires russes (RVK), l'un des deux groupes ayant revendiqué la responsabilité du raid, a lancé dans un message sur les réseaux sociaux : "Un jour, nous reviendrons et nous resterons."

La Russie accuse l'Ukraine d'être à l'origine de cette attaque, ce que Kyiv dément.

Les deux groupes disant avoir mené cette incursion, le RVK et la légion "Liberté de la Russie", se présentent comme des combattants russes opposés à Vladimir Poutine.

L'armée russe a dit mardi avoir tué plus de 70 "nationalistes ukrainiens" et détruit quatre véhicules blindés.

Selon le ministère russe de la Défense, les forces russes ont encerclé les combattants ennemis dont elles sont venues à bout par "des frappes aériennes, des tirs d'artillerie et les actions des unités frontalières".

"Le reste de ces nationalistes a été repoussé en territoire ukrainien, où il a continué à être sous le feu jusqu'à sa complète élimination", a ajouté le ministère.

UNE FEMME MORTE PENDANT L'ÉVACUATION

Les combats ont contraint les autorités locales à évacuer plusieurs localités situées à la frontière avec le nord-est de l'Ukraine.

Le gouverneur Viatcheslav Gladkov a déclaré qu'une femme était décédée durant l'évacuation. Lundi, il avait annoncé qu'au moins huit personnes avaient été blessées et que plusieurs bâtiments avaient été touchés.

"Une nouvelle fois, le mythe selon lequel les citoyens de la Fédération de Russie sont à l'abri et la Fédération russe est forte est détruit", a déclaré la Légion "Liberté de la Russie" sur Telegram.

"Un jour, nous reviendrons et nous resterons. Cependant, le mouvement partisan n'est pas enfermé dans le cadre des opérations de combat traditionnelles", a de son côté affirmé le RVK.

Selon Mark Galeotti, directeur du cabinet basé à Londres Mayak Intelligence, ces groupes militants russes sont contrôlés par les services de renseignement militaires ukrainiens et s'appuient sur les Ukrainiens pour les armes et le soutien logistique.

Kyiv "n'a rien à voir avec ça", a écrit sur Twitter le conseiller du président ukrainien Volodimir Zelensky, Mikhaïlo Podolyak, en ajoutant avec ironie : "Comme vous le savez, les chars se vendent dans n'importe quel magasin militaire russe et les groupes de guérilla clandestine sont composés de citoyens russes."

Moscou a de son côté accusé des "saboteurs" ukrainiens voulant "détourner l'attention de la ville de Bakhmout", dans l'est de l'Ukraine, que la Russie a annoncé ce week-end contrôler dans son intégralité après plus de neuf mois de bataille acharnée.

"Cela confirme une nouvelle fois que des activistes ukrainiens poursuivent leurs activités contre notre pays", a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. "Cela exige un grand effort de notre part, et cet effort se poursuit."

Interrogé sur les informations selon lesquelles ces combattants seraient russes, Dmitri Peskov a répondu : "Ce sont des combattants ukrainiens venus d'Ukraine. Beaucoup de Russes de souche vivent en Ukraine. Mais cela reste des activistes ukrainiens."

(Reportage par les bureaux de Reuters, Robert Birsel et Peter Graff; version française Zhifan Liu et Jean-Stéphane Brosse, édité par Blandine Hénault)