Invité par les dirigeants européens en Moldavie, Zelensky réclame une décision "claire" de l'Otan

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Photo du chef de la diplomatie europeenne josep borrell qui ouvre une mission de partenariat en moldavie[reuters.com]
(Crédits : Vladislav Culiomza)

par John Irish et Andrew Gray

BULBOACA, Moldavie (Reuters) - Le président Volodimir Zelensky a maintenu la pression sur les alliés occidentaux de l'Ukraine en réclamant une réponse claire sur l'adhésion de son pays à l'Otan d'ici la mi-juillet, jeudi lors de sa venue au sommet de la Communauté politique européenne en Moldavie, à quelques kilomètres de la frontière ukrainienne.

S'adressant aux 47 dirigeants européens réunis au sein de cette instance intergouvernementale créée il y a un an, Volodimir Zelensky a insisté sur la nécessité d'intégrer Kyiv à l'Alliance atlantique et réitéré ses appels à l'envoi par les Occidentaux d'avions de combat en Ukraine pour résister aux forces russes.

Les divergences entre alliés de l'Otan sur le calendrier d'intégration de l'Ukraine apparaissent cependant de plus en plus au grand jour, comme l'a montré la réunion en parallèle à Oslo des ministres des Affaires étrangères de l'Alliance, à six semaines du sommet de l'Otan à Vilnius. Certains pays comme l'Allemagne craignent qu'une adhésion accélérée ne rapproche l'Alliance d'une confrontation directe avec la Russie.

Le président français a estimé que l'Otan devait donner des garanties et des perspectives fortes à l'Ukraine lors du sommet de Vilnius.

"Il est impératif que le sommet de Vilnius puisse donner cette garantie forte, des garanties nouvelles crédibles, des perspectives claires à l'Ukraine et un message clair dans le contexte actuel à la Russie", a dit Emmanuel Macron.

Le président français a également réaffirmé le soutien des Européens à l'Ukraine, expliquant que "le message que nous avons ici livré à la Russie est clair: c'est un message d'unité et de soutien unanime et clair à l'Ukraine et au peuple ukrainien."

Le sommet de la CPE, réunissant les 27 Etats membres de l'Union européenne et 20 autres pays d'Europe, se déroule dans un château situé à 20 km seulement de la frontière ukrainienne, non loin de la région sécessionniste pro-russe de Transnistrie.

L'Otan a indiqué qu'un appareil de surveillance aérienne pouvant détecter avions, missiles et drones à des centaines de kilomètres serait actif jusqu'à vendredi dans la zone où est organisée la réunion, qui doit être l'occasion pour les 47 chefs d'Etat et de gouvernement de réaffirmer leur soutien à l'Ukraine et la Moldavie tout en se penchant sur d'autres dossiers brûlants comme les tensions au Kosovo et le conflit entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan.

Les sujets de l'énergie, de la cybersécurité et de l'immigration devraient également être abordés, mais le principal dossier à l'ordre du jour reste l'Ukraine.

"L'UKRAINE EST PRÊTE", DIT ZELENSKY

"Cette année doit être celle des décisions", a martelé Volodimir Zelensky au début du sommet. Si les pays membres de l'Otan ont entériné en 2008 l'objectif d'une adhésion, aucune échéance précise n'a jamais été fixée et le processus n'a guère progressé depuis l'invasion russe de février 2022.

"Cet été à Vilnius au sommet de l'Otan, il faudra une invitation claire pour l'Ukraine et des garanties de sécurité sur la voie d'une adhésion à l'Otan."

"Notre futur est dans l'UE. L'Ukraine est prête à rejoindre l'Otan", a-t-il ajouté.

Volodimir Zelensky a également rendu hommage à la Moldavie voisine. "Vous avez soutenu notre peuple, nos réfugiés qui ont fui le pays dans les premiers jours de la guerre et nous ne l'oublierons jamais", a-t-il ajouté aux côtés de la présidente moldave, Maia Sandu, dont les positions en faveur d'un rapprochement avec l'UE ont conduit à des tensions avec Moscou.

Selon des sources diplomatiques, les propos tenus par Emmanuel Macron mercredi lors d'un forum sur la sécurité européenne à Bratislava, estimant désormais que l'Europe "doit s'élargir" et "doit être repensée", signifient que la France, autrefois hésitante, serait désormais prête à soutenir l'ouverture à la fin de l'année de négociations d'adhésion de l'Ukraine et de la Moldavie.

Comme l'Ukraine, la Moldavie a déposé l'an dernier dans la foulée de l'offensive russe une demande pour intégrer l'UE. Chisinau entend profiter du sommet pour mettre en exergue ses réformes et convaincre les dirigeants de l'UE d'entamer au plus tôt des discussions sur son intégration.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a jugé mercredi que la Moldavie, "en dépit de toutes les pressions", faisait de réels progrès sur la voie d'une adhésion à l'UE.

(Reportage John Irish, Andrew Gray et Alexander Tanas; version française Jean Terzian, Jean-Stéphane Brosse et Camille Raynaud, édité par Nicolas Delame)