L'inflation a ralenti plus que prévu dans la zone euro

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(Crédits : Eric Gaillard)

FRANCFORT (Reuters) - La hausse des prix dans la zone euro a ralenti un peu plus fortement que prévu en mai et l'inflation sous-jacente s'est également tassée, ce qui renforce les arguments en faveur d'une modération de la remontée des taux de la Banque centrale européenne (BCE).

Les prix ont augmenté de 6,1% sur un an le mois dernier dans les 20 pays partageant la monnaie européenne, après 7,0% en avril, montrent les données en première estimation publiées jeudi par Eurostat, l'institut européen de la statistique.

Les économistes interrogés par Reuters attendaient un recul un peu moins prononcé, à 6,3%.

En excluant les éléments les plus volatils que sont les produits alimentaires non transformés et l'énergie, l'inflation s'est elle aussi repliée, à 6,9% après 7,3% le mois dernier.

La hausse des prix hors alimentation, énergie, alcool et tabac est passé de 5,6% à 5,3%, en deça du consensus Reuters à 5,5%.

Il est largement attendu que la BCE relève à nouveau ses taux directeurs d'un quart de point lors de sa prochaine réunion face aux tensions sous-jacentes qui se sont accentuées tout au long de l'année.

Plusieurs membres influents de l'institution, dont les président des banques centrales d'Allemagne, des Pays-Bas et d'Irlande, ont également évoqué une augmentation supplémentaire en juillet mais tous s'accordent à dire que les perspectives au-delà de cette date sont trop incertaines pour prendre un engagement.

TENSIONS TENACES DANS LES SERVICES

Le vice-président de la BCE, Luis de Guindos, a déclaré jeudi que, bien que l'institut ait réalisé la majeure partie du resserrement monétaire, le cycle de hausses n'était pas encore tout à fait bouclé.

La hausse des prix des produits de base, en particulier des services, reste en effet tenace.

Les prix des services ont augmenté de 5,0% sur un an en mai après 5,2% en avril et pour les biens industriels, la hausse annuelle a été de 5,8% après 6,2% le mois précédent. La tendance va dans le bon sens mais à un rythme lent.

La BCE devrait trouver un certain réconfort dans le ralentissement de l'inflation des denrées alimentaires, alcool et tabac, en recul d'un point de pourcentage à 12,5%, et dans le passage en territoire négatif de l'évolution des prix de l'énergie, en baisse de 1,7% après une progression de 2,4% en avril.

"Les perspectives d'inflation en Europe sont fortement influencées par deux facteurs opposés", a déclaré Carsten Brzeski chez ING.

"La baisse des prix de l'énergie plus importante que prévu après un hiver doux est susceptible de faire baisser l'inflation globale plus rapidement que ne le suggèrent les prévisions récentes", a indiqué l'économiste. "D'un autre côté, les récents accords salariaux et la pression toujours présente dans les services devraient maintenir l'inflation de base à un niveau élevé".

La croissance des salaires oscille entre 5% et 6%, soit deux fois le taux qui serait compatible avec l'objectif d'inflation de la BCE de 2%.

Le marché du travail dans l'Union européenne est exceptionnellement tendu et les entreprises, en particulier des services, font état de pénuries croissantes de main-d'oeuvre, ce qui constitue une menace pour l'économie européenne.

(Balazs Koranyi, version française Laetitia Volga, édité par Kate Entringer et Blandine Hénault)