Pékin aurait approuvé l'offensive contre les rebelles rohingya

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Pekin approuve l'offensive birmane contre les rebelles rohingya[reuters.com]
(Crédits : Fabrizio Bensch)

RANGOUN (Reuters) - La Chine a approuvé l'offensive des forces birmanes contre les rebelles rohingya, rapporte jeudi la presse officielle birmane, alors que le secrétaire général de l'Onu a assimilé l'opération à une entreprise de "nettoyage ethnique".

Près de 400.000 membres de la minorité musulmane ont trouvé refuge au Bangladesh pour échapper à la violente riposte de l'armée après l'attaque coordonnée, le 25 août, d'une trentaine de commissariats, revendiquée par l'Armée du Salut des Rohingya de l'Arakan (ASRA).

"La position de la Chine au sujet des attentats terroristes de l'Arakan est claire : il s'agit purement d'une affaire intérieure. La riposte des forces birmanes contre les extrémistes terroristes et les mesures gouvernementales d'aide à la population sont chaleureusement approuvées", a déclaré Hong Liang, ambassadeur de Chine en Birmanie, selon le journal Global New Light of Myanmar, qui dépend des autorités.

Au siège des Nations unies, la Chine s'est toutefois associée à la déclaration adoptée mercredi par le Conseil de sécurité pour condamner le recours excessif à la force et réclamer "des mesures immédiates pour mettre fin à la violence dans l'Arakan, apaiser la situation, rétablir l'ordre public et assurer la protection des civils".

Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, a dénoncé lundi devant le Conseil des droits de l'homme un "exemple classique de nettoyage ethnique", terme qu'Antonio Guterres, secrétaire général de l'Onu, a repris mercredi à son compte.

"Lorsqu'un tiers des Rohingya ont fui le pays, peut-on parler d'autre chose ?", a-t-il déclaré à la presse, exhortant lui aussi les autorités à faire cesser les violences.

La dirigeante birmane Aung San Suu Kyi, dont le silence a été vivement critiquée, doit s'adresser mardi à la nation.

Selon le gouvernement, l'offensive ne vise que les "terroristes" de l'ASRA, mais les réfugiés affirment que l'armée cherche à chasser les Rohingya de l'Etat d'Arakan.

Des dizaines de villages ont été mis à sac, mais l'état-major nie toute implication de ses hommes ou de milices bouddhistes et en imputent la responsabilité aux insurgés.

Selon un porte-parole du gouvernement, 175 des 471 villages du nord de l'Arakan se sont totalement vidés de leur population et 34 autres ont été partiellement abandonnés.

D'après le bilan officiel communiqué par les autorités birmanes, 432 personnes, dont une majorité de rebelles, ont été tuées depuis le 25 août. Un centaine de corps, dont certains présentent des blessures par balles, ont été repêchés dans la rivière qui marque la frontière avec le Bangladesh, ont-elles précisé.

Plusieurs bateaux chargés de réfugiés y ont coulé. Un enfant a trouvé la mort jeudi dans l'un de ces naufrages, selon des journalistes de Reuters sur place.

(Robert Birsel, Jean-Philippe Lefief pour le service français)