Les USA veulent replacer le Pakistan dans le viseur du Gafi

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ISLAMABAD (Reuters) - Les Etats-Unis veulent réinscrire le Pakistan sur la liste des Etats à surveiller du Groupe d'action financière (Gafi) dans le cadre de la lutte contre le financement du terrorisme, a-t-on appris de source gouvernementale à Islamabad.

Washington se plaint depuis des semaines du manque de coopération du Pakistan dans la traque de certains groupes djihadistes comme le réseau Haqqani et l'administration de Donald Trump a suspendu environ 2 milliards de dollars (1,6 milliard d'euros) d'aide bilatérale le mois dernier.

Les Etats-Unis ont déposé une résolution avec le Royaume-Uni il y a plusieurs semaines et convaincu l'Allemagne et la France de la parrainer à leur tour, a déclaré à Reuters Miftah Ismail, conseiller du Premier ministre pakistanais Shahid Khaqan Abbasi pour les affaires économiques et financières.

"Nous travaillons avec (les quatre pays) pour que cette inscription soit retirée", a-t-il dit à Reuters par téléphone.

Le Pakistan a déjà figuré sur la liste de juridictions à haut risque et non coopératives du Gafi entre 2012 et 2015.

Créé en 1989, le Gafi est un instrument de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme.

Les autorités pakistanaises redoutent cette inscription en raison de ses conséquences économiques.

"Quand vous êtes sur la liste, on vous fait passer tous les contrôles supplémentaires", relève l'ancien chef du contre-terrorisme pakistanais, Khawaja Khalid Farooq. "Cela peut faire beaucoup de mal à l'économie."

Selon Miftah Ismail, la motion des Etats-Unis s'appuie sur l'exemple de Hafiz Saeed, dirigeant islamiste et organisateur présumé des attentats de Bombay en 2008 (166 morts), remis en liberté en novembre dernier par la justice pakistanaise.

Washington dément, comme le suggère Islamabad, avoir été influencé par l'Inde pour insister sur ce cas en particulier.

Un porte-parole de l'ambassade des Etats-Unis à Islamabad a souligné que le gouvernement américain reprochait notamment au Pakistan de ne pas respecter la résolution 1267 du Conseil de sécurité des Nations unies, qui impose de geler les avoirs des individus ou entités inscrits sur une liste annexée à la résolution. Saeed et ses organisations caritatives y figurent.

Lundi, le Pakistan a annoncé avoir amendé sa législation antiterroriste afin de bannir les groupes et organisation considérés comme terroristes par l'Onu.

(Asid Shahzad et Drazen JorgicJean-Stéphane Brosse pour le service français)