L'Onu ne désespère pas d'obtenir un cessez-le-feu en Syrie

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L'onu ne desespere pas d'obtenir un cessez-le-feu en syrie[reuters.com]
(Crédits : Lucas Jackson)

par Tom Miles et Marina Depetris

GENEVE (Reuters) - Les Nations unies poursuivent leurs efforts diplomatiques pour obtenir une trêve en Syrie, où l'enclave de la Ghouta orientale se trouve "à un point de rupture", a affirmé mardi à Reuters l'un de ses hauts représentants, selon lequel un cessez-le-feu est "fort possible".

Les raids aériens menés par les aviations syrienne et russe contre des zones tenues par les rebelles ont entraîné la mort de 230 civils la semaine passée dans la Ghouta orientale et la province d'Idlib, a estimé l'Onu.

Environ 400.000 personnes sont assiégées dans la Ghouta orientale, région dans laquelle l'acheminement d'aides humanitaires devient de plus en plus difficile, a expliqué le coordinateur régional adjoint des affaires humanitaires de l'Onu, Ramesh Rajasingham.

Des centaines de patients dans la Ghouta orientale ont besoin d'être évacués pour recevoir une assistance médicale, a déclaré Ramesh Rajasingham, ajoutant qu'un grand nombre d'entre eux meurent avant de pouvoir être secourus.

"Nous nous trouvons à un point de rupture, à un point où des personnes meurent inutilement alors qu'elles pourraient être sauvées", a-t-il dit à propos de la situation dans la région.

"Nous aimerions voir un cessez-le-feu immédiat, et je pense que c'est fort possible. Nous avons déjà eu une trêve dans le passé, ce n'est pas utopique."

L'Onu est "engagée sur tous les fronts, notamment au plus haut niveau politique, pour s'assurer d'une trêve sur l'ensemble du territoire syrien", a assuré Rajasingham.

Ali al Zaatari, le coordinateur de l'Onu pour l'aide humanitaire en Syrie, a estimé lundi que les civils syriens étaient soumis à des souffrances "intolérables", devenues pires depuis l'appel à la trêve de l'Onu.

Des représentants des Nations unies en Syrie ont appelé la semaine dernière à un cessez-le-feu immédiat pour permettre l'acheminement de l'aide humanitaire et l'évacuation des blessés et des malades. Un projet de résolution en ce sens est examiné par le Conseil de sécurité de l'Onu. et

"CATASTROPHE"

Ramesh Rajasingham a estimé que la situation dans la province d'Idlib (nord-ouest), principal bastion des rebelles, était "une catastrophe dans tous les sens du terme", au niveau humanitaire, médical, politique et militaire.

Rajasingham a fait part de la nécessité que soit respectée à Idlib la trêve prévue par l'accord signé l'an dernier par la Russie et l'Iran, alliés de Damas, et la Turquie. Idlib fait partie des quatre zones de "désescalade" prévues par cet accord.

"Il y a de nouveau de violents combats dans cette zone, alors que nous pensions qu'il n'y en aurait plus du tout", a-t-il dit.

Plus de 330.000 personnes ont dû fuir la région d'Idlib depuis le mois de décembre - soit plus que lors de la bataille livrée à Alep il y a un an-, portant à environ 2 millions le nombre de personnes ayant quitté leur domicile dans la région, a affirmé le coordonnateur régional adjoint de l'Onu.

Le dernier cycle en date des négociations de paix menées sous l'égide des Nations unies, qui s'est tenu en décembre à Vienne, n'a permis aucune avancée vers une issue à la guerre civile, qui va entrer dans sa huitième année.

Staffan de Mistura, l'envoyé spécial de l'Onu pour la Syrie, doit informer mercredi le Conseil de sécurité de l'Onu puis s'entretenir avec des ministres le week-end prochain lors de la conférence de Munich sur la sécurité.

Les ministres russe, iranien et turc des Affaires étrangères se réuniront le mois prochain pour évoquer le conflit syrien, a annoncé mardi le ministre kazakh des Affaires étrangères.

(Jean Terzian pour le service français, édité par Jean-Stéphane Brosse)