Doutes sur l'enquête sur la pollution du Golfe de Fos

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Doutes sur l'enquete sur la pollution du golfe de fos[reuters.com]
(Crédits : Jean-Paul Pelissier)

MARSEILLE (Reuters) - La préfecture des Bouches-du-Rhône a mis en doute mercredi les résultats de l'étude pilotée par une association militante qui évoque une forte pollution dans des produits alimentaires issus du pourtour de l'étang-de-Berre accueillant l'une des plus vastes zones industrialo-portuaires (ZIP) d'Europe.

Dans un communiqué, elle précise que l'étude de l'Association de défense et de protection du littoral du Golfe de Fos (ADPLGF), dévoilée lundi, présente une "méthodologie scientifiquement insuffisante", un "nombre trop réduit d'échantillons" et "aucune garantie" concernant l'accréditation d'un des laboratoires chargés de l'analyse.

L'étude, qui pointait une forte présence de dioxines et de PCB dans des produits pourtant dotés d'une Appellation d'origine contrôlée (AOC), "ne permet pas de comparaison avec les résultats nationaux qui s'appuient sur plus d'un millier de prélèvements", ajoute la préfecture.

"Face au mépris de l'Etat, nous avons été obligé d'aller chercher les preuves de cette pollution, qui sont validées par les scientifiques. Mais l'Etat ne bouge toujours pas", a dénoncé lundi le président de l'ADPLGF, Daniel Moutet.

Les résultats de cette étude ont mis en valeur un dépassement des seuils réglementaires en dioxine et en PCB sur deux des huit prélèvements effectués sur de la viande bovine. La moitié des quatre prélèvements effectués sur des oeufs font aussi état d'un dépassement des seuils réglementaires alors que, sur 204 prélèvements analogues réalisés en France, seuls quatre dépassements ont été enregistrés selon l'association.

Des valeurs supérieures à la moyenne nationale ont été relevés sur un échantillonnage de moules et de fromages de chèvre, sans dépassement réglementaire.

Forte de ces résultats, l'ADPLGF a décidé de porter plainte contre X pour mise en danger de la vie d'autrui.

Parallèlement, les juristes encouragent les victimes potentielles à déposer individuellement une plainte pour "trouble anormal du voisinage" devant le tribunal de grande instance. L'objectif est d'ouvrir la voie à de possibles réparations financières pour préjudices moraux et matériels.

Le bassin industrialo-portuaire de Fos s'étend sur 10.000 hectares et regroupe plus de 40.000 salariés de 200 entreprises, dont une trentaine de sites classés Seveso, dans les domaines de la pétrochimie, de la métallurgie et de la sidérurgie.

Plusieurs études font état de risques sanitaires importants pour les 100.000 personnes vivant dans le bassin, une population exposée depuis 40 ans à un cocktail de polluants sans comparaison en France.

"Nous voulons savoir la réalité des choses", dit le maire de Fos-sur-Mer, René Raimondi.

"Il faut que l'on nous dise si réellement on est en danger en vivant à Fos", estime-t-il.

(Jean-François Rosnoblet, édité par Yves Clarisse)