Le financement de la formation inquiète les syndicats

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Le financement de la formation inquiete les syndicats[reuters.com]
(Crédits : Jean-Paul Pelissier)

PARIS (Reuters) - Patronat et syndicats se sont opposés mercredi sur la question du financement de la formation professionnelle, les premiers refusant d'augmenter les cotisations pour financer le secteur, les seconds réclamant davantage pour les salariés.

Les partenaires sociaux se rencontraient pour une nouvelle séance de négociation au sujet de la formation professionnelle, un secteur qui coûte chaque année 31,6 milliards d'euros aux entreprises, à l'Etat et aux régions et doit faire l'objet d'une refonte totale pour gagner en efficacité, selon le gouvernement.

Le patronat veut mettre en place une cotisation unique équivalente à ce que payent déjà les entreprises pour la formation professionnelle et l'alternance, soit une taxe de 1,23% de la masse salariale pour les entreprises de 1 à 10 salariés et de 1,68% pour celles de 11 salariés et plus.

"Faire plus et mieux avec la même somme d'argent même si on rééquilibre le tout, ça ne suffit pas", a déclaré le négociateur de Force ouvrière (FO), Michel Beaugas, à l'issue de la négociation. "Il faudra bien qu'il y ait un effort de fait".

Le projet d'accord prévoit une part plus importante pour la formation des demandeurs d'emploi - 0,3% de la masse salariale - comme l'avait réclamé le gouvernement pour alimenter son plan d'investissement compétence, un investissement de 15 milliards d'euros sur cinq ans destiné à former un million de chômeurs et un million de jeunes.

Il accorde également une portion légèrement plus importante à l'alternance - 0,68% pour les entreprises de moins de 10 salariés, 0,72% pour les entreprises de 11 à 49, 0,85% pour les entreprises de 50 à 299 salariés et 0,95% pour les plus de 300 salariés.

Cela laisse donc peu de marge aux salariés pour financer le compte professionnel de formation (CPF), dispositif qui permet aux actifs de suivre des formations qualifiantes.

"PAS DE FINANCEMENT"

Les nouveaux CPF doivent intégrer dans le projet d'accord le Congé individuel de formation (CIF), un programme qui finance les reconversions professionnelles. Il ne sera financé qu'à hauteur de 0,275% de la masse salariale pour les entreprises de 11 à 49 salariés et 0,35% pour les entreprises de plus de 50 salariés, contre 0,4% aujourd'hui (CPF et CIF mis ensemble).

"Beaucoup d'affichage, beaucoup de bonne volonté, mais pas de financement et pas de réalité d'une possibilité d'évoluer", a déclaré le négociateur de la CGT, Lionel Lerogeron.

En plus du CPF, les organisations syndicales regrettent que l'accompagnement, thème-clé de la négociation, ne bénéficie pas lui aussi d'un financement dédié. Le patronat propose qu'il soit financé avec l'enveloppe destinée aux demandeurs d'emploi.

L'accord prévoit également un abondement du CPF de 33 heures par année avec un plafond de 400 heures. Les syndicats réclament 35 heures. Pour les salariés avec un diplôme de type CAP, BEP ou équivalent, le compte serait abondé de 50 heures par année, limité à 400 heures.

Aujourd'hui, le CPF est alimenté de 24 heures par année de travail jusqu'à l'acquisition d'un crédit de 120 heures. Au-delà, il est abondé de 15 heures par année dans la limite d'un plafond de 150 heures.

Les partenaires sociaux disposent encore officiellement d'une séance de négociation vendredi pour s'entendre. Ils pourraient proposer une nouvelle séance mercredi matin.

(Caroline Pailliez)