En visite en Floride après la fusillade, Trump muet sur les armes

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Trump muet sur les armes[reuters.com]
(Crédits : Eric Thayer)

par Bernie Woodall et Zachary Fagenson

PARKLAND, Floride (Reuters) - Donald Trump s'est rendu vendredi au chevet des victimes de la fusillade dans un lycée de Parkland, en Floride, où il a salué le "travail incroyable" des médecins pour éviter un bilan plus lourd mais n'a pas dit un mot sur le contrôle des armes à feu alors qu'une polémique a éclaté sur les ratés du FBI dans cette affaire.

Le président américain fait l'objet de vives critiques en raison de son refus de s'imposer la moindre restriction à la vente de fusils d'assaut automatiques ou semi-automatiques comme celui avec lequel Nikolas Cruz, 19 ans, a abattu mercredi 17 de ses anciens camarades.

Lors de sa visite à l'hôpital de Parkland en compagnie de son épouse, Melania, puis au bureau du shérif du comté de Broward, où il a félicité les forces de l'ordre pour leur "travail formidable", Donald Trump a esquivé toutes les questions des journalistes sur un éventuel changement de législation sur les armes à feu.

Jeudi, dans sa première déclaration après la fusillade, la 18e depuis le début de l'année dans un établissement scolaire aux Etats-Unis, Donald Trump avait déjà passé sous silence la question du port d'armes, protégé par le deuxième amendement de la Constitution américaine.

La question de la politique particulièrement laxiste de la Floride en matière d'armes à feu est pourtant dans toutes les conversations depuis le massacre et plusieurs élus démocrates ont tenté de relancer le débat au Congrès.

En Floride, l'achat de fusils d'assaut est autorisé à partir de 18 ans. Un rassemblement est prévu ce samedi devant le tribunal fédéral de Fort Lauderdale afin de réclamer un meilleur contrôle des armes à feu.

Deux foires aux armes sont également programmées dans l'Etat, l'une à Boca Raton, l'autre dans le comté de Dade.

LE MEA CULPA DU FBI

Le FBI a reconnu de son côté vendredi ne pas avoir traité comme il le fallait une alerte lancée par un proche du tireur, qui avait téléphoné le 5 janvier aux services fédéraux pour signaler que Nikolas Cruz possédait des armes à feu et tenait des propos inquiétants sur les réseaux sociaux.

"Le correspondant a communiqué des renseignements sur les armes en possession de Cruz, il a évoqué son envie de tuer des gens, a signalé son comportement imprévisible, certains messages troublants sur les réseaux sociaux, et le risque qu'il commette une tuerie dans une école", dit le FBI dans un communiqué.

"L'information aurait dû être transmise aux bureaux de Miami du FBI, où des investigations auraient dû être menées. Nous avons établi que ces protocoles-là n'avaient pas été suivis", poursuit-il.

A Washington, l'Attorney General (ministre de la Justice) Jeff Sessions a annoncé vendredi avoir ordonné sans attendre un réexamen de la façon dont le département de la Justice et le FBI répondent aux avertissements sur de possibles de violences comme la tuerie de Floride.

Quant au gouverneur de Floride, Rick Scott, il a estimé que le directeur du FBI, Christopher Wray, devrait démissionner du fait de cette négligence. "L'absence de mesures prises par le FBI contre le tueur est inacceptable", a-t-il dit.

Christopher Wray, nommé l'an dernier par Donald Trump en remplacement de James Comey, a exprimé dans un communiqué ses "profonds regrets" aux familles des victimes, qui ont commencé à enterrer leurs morts vendredi.

Scott Israel, shérif du comté de Broward où s'est passée la tuerie, a précisé que ses bureaux avaient reçu une vingtaine d'appels de service au cours des dernières années concernant Cruz. Il a promis que tout serait examiné pour vérifier que ces appels ont été traités correctement.

Il a toutefois refusé que les forces de l'ordre endossent la responsabilité de la fusillade. "Le seul responsable de cette tuerie est le tueur lui-même", a-t-il déclaré.

(Tangi Salaün et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)