Gabriel : Moins sanctionner Moscou en cas de trêve en Ukraine

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Gabriel: moins sanctionner moscou en cas de treve en ukraine[reuters.com]
(Crédits : Ralph Orlowski)

MUNICH (Reuters) - Le ministre allemand des Affaires étrangères Sigmar Gabriel s'est dit favorable, samedi, à un allègement des sanctions contre la Russie en cas de mise en oeuvre d'un cessez-le-feu dans l'est de l'Ukraine sous la surveillance d'une force de maintien de la paix des Nations unies.

Le chef de la diplomatie allemande, qui s'exprimait dans le cadre de la conférence annuelle de Munich sur la sécurité, a jugé qu'il n'était "pas réaliste" de réclamer la pleine application des accords de paix de Minsk de 2015 comme condition à un début d'assouplissement des sanctions.

Sigmar Gabriel a reconnu que ce point de vue divergeait de la position officielle des Occidentaux - pas de levée des sanctions sans application totale des accords de Minsk - mais il a estimé qu'il était dans l'intérêt de la communauté internationale de sortir de cette impasse.

L'Union européenne et les Etats-Unis ont sanctionné la Russie pour l'annexion de la Crimée en mars 2014.

Dans l'est de l'Ukraine, où le conflit entre séparatistes pro-russes et forces pro-gouvernementales a fait plus de 10.000 morts depuis avril 2014, l'accord de cessez-le-feu conclu à Minsk entre Russie, Ukraine, France et Allemagne a permis l'arrêt des affrontements militaires de grande ampleur mais les accrochages entre les deux camps font presque quotidiennement encore des victimes.

En septembre dernier, le président russe Vladimir Poutine a donné son accord de principe à l'envoi de casques bleus dans la région, qui viendraient épauler les observateurs du cessez-le-feu déjà déployés par l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe).

NORD STREAM 2

Sigmar Gabriel a relevé qu'il existait encore un certain nombre de divergences fondamentales avec Moscou sur les conditions de déploiement d'une mission de l'Onu mais il a estimé que cette idée était "une des seules options réalistes" pour progresser sur la voie de la paix dans l'est de l'Ukraine.

"Nous avons besoin de toute urgence de progresser car le monde devient plus dangereux", a déclaré Sigmar Gabriel lors d'une réunion tenue en marge de la conférence de Munich, à laquelle était également présent le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov.

Les deux ministres ont promis de promouvoir une expansion du commerce bilatéral entre l'Allemagne et la Russie, qui a déjà augmenté l'an dernier de 20%.

Sigmar Gabriel et Sergueï Lavrov devaient s'entretenir en tête à tête dans la journée. En revanche, une réunion à quatre pays dans le format "Normandie" (Allemagne, France, Russie, Ukraine) qui devait avoir lieu vendredi sur la crise ukrainienne a été annulée pour des questions de calendrier.

Sigmar Gabriel a également défendu le projet de gazoduc Nord Stream 2 censé relier Allemagne et Russie en passant sous la mer Baltique. Le projet est vivement contesté par la Pologne, l'Ukraine et les pays baltes car ils estiment qu'il accroîtra la dépendance de l'Europe vis-à-vis du gaz russe.

Ils ont reçu à Munich le soutien du secrétaire adjoint américain à l'Energie, Dan Brouillette, qui a dénoncé une "proposition très dangereuse pour la sécurité de l'Europe".

(Andrea ShalalJean-Stéphane Brosse pour le service français)