Netanhayu dénonce les propos du Premier ministre polonais sur la Shoah

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Netanhayu denonce les propos du premier ministre polonais sur la shoah[reuters.com]
(Crédits : Ronen Zvulun)

VARSOVIE/JERUSALEM (Reuters) - Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a dénoncé samedi les propos tenus plus tôt par son homologue polonais, Mateusz Morawiecki, sur la participation "d'auteurs juifs" à la Shoah.

La Pologne s'est dotée au mois de février d'une loi instaurant des peines de prison pour quiconque laisserait entendre que la Pologne a été complice de l'Holocauste.

En vertu du texte de loi, les contrevenants seront passibles de trois ans de prison s'ils mentionnent la formule "camps de la mort polonais", mais le projet de loi stipule que les recherches scientifiques sur la Seconde Guerre mondiale n'y seront pas assujetties.

Interrogé samedi à Munich sur l'application de cette législation par un journaliste soucieux de savoir s'il pouvait être condamné s'il évoquait l'histoire de sa mère, survivante de la Shoah, et le fait que des Polonais ont collaboré avec la Gestapo.

"Evidemment, cela ne sera pas puni, on ne sera pas considéré comme un délinquant si l'on dit qu'il y a eu des auteurs polonais, comme il y a eu des auteurs juifs, des auteurs russes, des auteurs ukrainiens et pas seulement des auteurs allemands."

Egalement présent à Munich, où se déroule la conférence internationale sur la sécurité, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a rapidement réagi.

"Les propos du Premier ministre polonais ici à Munich sont insultants. Il y a là un problème de compréhension de l'histoire et un manque de sensibilité à l'égard de la tragédie de notre peuple", a-t-il déclaré.

"Je compte bien en parler avec lui sur-le-champ."

Les Polonais se battent depuis des années contre le recours à des formules comme "camps de la mort polonais", qui laissent penser que la Pologne est au moins pour partie responsable des camps d'extermination ouverts par les nazis.

De tels camps, comme Auschwitz, Treblinka ou Sobibor, avaient été construits et utilisés par les nazis après l'invasion en 1939 de la Pologne, où vivait alors la plus grande communauté juive d'Europe, avec 3,2 millions de personnes.

Plus de trois millions de ces 3,2 millions de Juifs polonais ont été exterminés par les nazis, soit la moitié des Juifs massacrés durant l'Holocauste.

Selon les chiffres du musée du mémorial américain de l'Holocauste, les Allemands ont également tué au moins 1,9 million de civils polonais non juifs durant la Seconde Guerre mondiale.

Selon le centre israélien Yad Vashem, entre 30.000 et 35.000 juifs, soit environ 1% de la communauté juive de Pologne, ont été sauvés grâce à l'aide de Polonais. Plus de 6.700 Polonais, soit le contingent le plus important d'un pays, ont été qualifiés de "Justes parmi les Nations".

Mais ces dernières années, un débat public douloureux s'est engagé en Pologne sur la culpabilité et la réconciliation touchant à l'Holocauste, après publication de recherches montrant que certains Polonais avaient pris part aux atrocités commises par les nazis.

Nombre de Polonais refusent d'accepter ce type de recherches, qui remettent en cause l'idée que leur pays a été uniquement victime.

(Anna Koper à Varsovie et Ari Rabinovitch à Jérusalem, Nicolas Delame pour le service français)