Washington veut que les Européens s'engagent à amender l'accord avec l'Iran

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Washington veut que les europeens s'engagent a amender l'accord avec l'iran[reuters.com]
(Crédits : Eric Thayer)

par Arshad Mohammed, John Irish et Robin Emmott

WASHINGTON/PARIS/MUNICH (Reuters) - Les États-Unis souhaitent voir leurs trois principaux alliés européens s'engager à tenter d'amender l'accord sur le programme nucléaire iranien en contrepartie du renouvellement en mai par Donald Trump du dispositif d'allégement des sanctions visant la république islamique, a-t-on appris auprès de plusieurs sources au fait du projet à Washington.

Cette approche, évoquée dans un câble du département d'Etat que Reuters a pu consulter et dans un entretien accordé par un diplomate américain, fait cependant face à plusieurs obstacles.

Parmi ces obstacles figurent les incertitudes des Européens, qui ignorent les desseins de Donald Trump, mais aussi le fait qu'ils ne veulent pas prendre un engagement susceptible de constituer le point de départ d'autres exigences, ont dit deux sources européennes et deux sources américaines.

Le contenu de ce câble démontre toutefois que les Etats-Unis ont abaissé leur niveau d'exigences par rapport à ce que demandait Donald Trump en janvier, ce qui pourrait faciliter le dialogue entre les puissances occidentales signataires de l'accord de juillet 2015, dont la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne.

"Nous vous demandons de vous engager à ce que nous travaillions ensemble pour trouver un accord complémentaire ou un accord de suivi qui réponde à l'évolution de l'Iran et aux essais de missiles à longue portée, garantisse les inspections de l'AIEA et règle la question de la 'sunset clause'", dit le télégramme.

La résolution 2231, adoptée en juillet 2015 par le Conseil de sécurité des Nations unies pour entériner l'accord de Vienne sur les activités nucléaires iraniennes, stipule que Téhéran est "tenu de ne pas entreprendre d'activité liée à des missiles balistiques capables de transporter des armes nucléaires" et de s'abstenir de tout tir recourant à la technologie des missiles balistiques pendant une période de huit ans.

Le régime iranien, qui estime que la "2231" ne vise que les engins à capacité nucléaire et que ses missiles ne sont pas conçus en ce sens, a poursuivi ses activités dans ce domaine avec notamment le développement d'un nouveau missile, Khorramshahr, d'une portée théorique de 2.000 kilomètres.

L'accord de Vienne sur le nucléaire iranien est en sursis depuis que l'administration américaine menace de s'en retirer.

CONSENSUS EN DEUX PHASES

Donald Trump a maintenu le 12 janvier à contrecoeur, et pour la dernière fois, la levée des sanctions dont bénéficie l'Iran. Il a fixé un ultime délai, de 120 jours, pour permettre aux Etats-Unis et à leurs partenaires européens de corriger les "terribles défauts" dont souffrirait cet accord.

Pour le président américain, l'accord comporte des lacunes dans la mesure où il ne règle pas la question du programme iranien de missiles balistiques, contient des imprécisions sur les inspections des ingénieurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et contient une 'sunset clause' qui limite à dix ans la période au cours de laquelle le programme nucléaire iranien est encadré.

Ces trois points méritent selon lui que les termes de l'accord soient durcis.

Les Européens estiment impossible la conclusion d'un accord sur l'Iran d'ici le 12 mai, quand bien même un consensus se dessinerait.

Dans une interview accordée la semaine dernière, un haut responsable de la diplomatie américaine a expliqué que les Etats-Unis ambitionnaient de régler la question en deux phases.

Au cours de la première, qui s'étalerait du 12 janvier au 12 mai, les Etats-Unis s'efforceraient de convaincre les Européens que les points soulevés par Donald Trump méritent d'être abordés.

"Nous voulons d'eux qu'ils disent qu'il y a des lacunes qui doivent être comblées et un accord selon lequel nous allons chercher un accord. C'est tout", a-t-il dit.

La deuxième phase, qui s'ouvrirait après le 12 mai, servirait quant à elle à transmettre l'accord aux autres signataires de l'accord, Iran, Chine et Russie afin de réfléchir aux moyens d'améliorer l'accord.

(Avec Andrea Shalal à Berlin,; Nicolas Delame pour le service français)