Wauquiez n'entend pas s'excuser, dit sa porte-parole

reuters.com  |   |  766  mots
Laurent wauquiez n'entend pas s'excuser, dit sa porte-parole[reuters.com]
(Crédits : Philippe Wojazer)

PARIS (Reuters) - Laurent Wauquiez, mis dans l'embarras par des propos décapants tenus devant des étudiants, estime qu'il n'a pas à présenter d'excuses, a déclaré lundi une porte-parole des Républicains (LR), pour qui la diffusion d'un enregistrement clandestin pose avant tout la question de la déontologie journalistique.

Les déclarations du président de LR, à propos de Nicolas Sarkozy, Emmanuel Macron ou Angela Merkel, ont suscité la consternation dans le monde politique, y compris à droite où les poids lourds ne se sont pas bousculés pour prendre sa défense.

L'ex-ministre est lui-même resté discret depuis la diffusion de ses propos dans l'émission Quotidien, vendredi, laissant à ses porte-parole le soin de déminer le terrain.

"S'excuser de quoi? Je l'ai eu hier soir au téléphone. Il est très en colère", a ainsi déclaré Laurence Sailliet sur CNEWS. "Il n'est pas dupe sur ce qu'il se passe et croyez-moi, il ne se laissera pas faire".

Laurent Wauquiez a été enregistré apparemment à son insu la semaine dernière lors d'une intervention dans une école de commerce, l'EM Lyon Business school.

Entre autres critiques, il a accusé Emmanuel Macron d'avoir contribué à la chute de François Fillon, fragilisé durant la présidentielle par des révélations en cascade.

"BUZZ"

Devant les étudiants, il a également présenté son cours comme un "espace de liberté", loin du "bullshit" qu'il livrerait sur les plateaux de télévision.

Laurence Sailliet a qualifié cet enregistrement de "montage vicié" qui ne respecte pas la "déontologie journalistique". "Un journaliste qui corrompt un élève en amont pour faire un enregistrement illégal, est-ce que vous (...) cautionnez cette façon de faire?" a-t-elle demandé au présentateur.

Un simple "buzz" qui "n'intéresse que le microcosme parisien", a pour sa part déclaré Lydia Guirous lors d'une conférence de presse au siège de LR.

Pour Gilles Platret, qui s'est exprimé lors de la même conférence de presse, "il n'y aura aucun dégât" à LR.

"Nous n'avons très clairement pas du tout le sentiment que le soutien manque au président des Républicains sur ce dossier comme sur les autres", a-t-il ajouté.

Cette controverse complique cependant la tâche pour Laurent Wauquiez, qui s'efforce depuis son élection, il y a deux mois, de reconstruire un parti encore fragile et de surmonter les réticences que suscite sa personnalité, parfois décrite comme brutale, au sein de la droite.

Le député Eric Woerth, qui avait soutenu Laurent Wauquiez sans sa conquête de LR, a déploré dimanche la teneur des propos tenus à l'EM Lyon, qui ne "contribuent pas au rassemblement".

Jean-François Copé, ex-président du parti, de même que Vincent Jeanbrun, maire de L'haÿ-les-Roses (Val-de-Marne) et partisan de Valérie Pécresse, ont chacun dénoncé une forme de "cynisme" de leur président.

Le chef de l'exécutif d'Auvergne-Rhône-Alpes a aussi pris le risque de se mettre à dos la frange sarkozyste en laissant entendre que l'ancien président avait, pendant son quinquennat, piraté les téléphones portables de ses ministres pour avoir connaissance du contenu de leurs messages.

"VULGARITÉ"

Samedi, il s'est "s'est excusé" auprès de l'ex-chef de l'Etat, qui en "a pris note", a rapporté à Reuters l'entourage de Nicolas Sarkozy.

Le feu nourri est également venu de la majorité.

"Au-delà de la vulgarité, de la violence des propos qui ne sont jamais très bons en démocratie (...), c'est surtout l'apologie du double langage", a déclaré le président de l'Assemblée nationale, François de Rugy, sur France Inter.

Le ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin, dont Laurent Wauquiez a estimé qu'il devrait démissionner en raison des accusations de viol et d'abus de faiblesse qui pèsent contre lui, a lui aussi contre-attaqué.

"Ce qu'il dit sur le président Macron est scandaleux, il porte des accusations très graves en expliquant qu'il y a un cabinet noir. Ce qu'il a dit du président Sarkozy est absolument scandaleux", a estimé ce transfuge des Républicains.

"Soit M. Wauquiez croit ce qu'il dit devant ces étudiants et dans ce cas-là, c'est extrêmement grave. Il est le chef de l'opposition et il est potentiellement président de la République. Soit il ne croit pas ce qu'il dit, et il a voulu faire le malin, comme disent les jeunes. Et dans ce cas-là, c'est extrêmement inquiétant, ce n'est pas digne", a-t-il dit.

(Caroline Pailliez avec Simon Carraud, édité par Yves Clarisse)